30 avril 2009

R.I.P Ernie Barnes (1938-2009)

Relativement méconnu dans nos contrées, le peintre et illustrateur Ernie Barnes est décédé cette semaine. Son nom reste profondément associé à de multiples oeuvres sur le sport (il est l'artiste officiel des JO de 1984 à Los Angeles !) et le football américain en particulier, sport qu'il a pratiqué en professionnel dans les années 60 avant de se consacrer à son art à temps plein.

Mais ce qui m'intéresse le plus dans l'oeuvre de Barnes, c'est la façon dont il a incarné à travers ses tableaux la culture afro-américaine des années 70 à nos jours. Son tableau le plus connu "Sugar Shack", qui représente l'ambiance surchauffée d'une boîte de nuit noire, est ainsi pleinement rentrée dans la culture pop, notamment en ayant été récupéré par Marvin Gaye pour la pochette de son album "I Want You".

S'il ne se contente pas de peindre des personnages noirs, ce sont pourtant eux qui marquent le plus, à l'image de la DJ ("Late Night DJ"), du jeune étudiant fraîchement diplomé ("The Graduate"), des boxeurs ("Boxing Gym"), des fanfares ou des petites filles jouant à la corde à sauter ("Ninety Nine, A Hunered")...

Sous l'oeil et le pinceau bienveillant de Barnes, on assiste ainsi à l'éveil d'une communauté à travers plusieurs décennies de musique, de sport, de petites discussions entre amis, de joie, de peine et surtout d'ESPOIR. Car l'artiste immortalise avant tout la joie de vivre grâce à des couleurs éclatantes et surtout grâce à des corps qui se mêlent et se détendent, rendant son oeuvre si fascinante...

Sugar Shack

Boxing Gym

Late Night DJ

The Graduate

Head over Heels

The Advocate

Main Street Pool Hall

In The Beginning

Jake

Ninety Nine, A Hunered

Room Full A'Sistahs


Pour en savoir plus, son site officiel

28 avril 2009

Faut-il accorder du crédit à Asher Roth ?

C'est l'éternel débat depuis plus de 20 ans. Un blanc peut-il faire du rap sérieusement ? Tous les dix ans, la question refait surface, s'appropriant en passant les considérations politiques et sociales du moment.

En 1989, c'est Vanilla Ice et son "Ice Ice Baby" qui fait sensation. Il n'est pas le premier rappeur blanc de l'histoire à vendre des disques à la tonne, les Beastie Boys sont passés par là avant lui mais il est le premier à cristalliser le débat. Les arguments avérés du lynchage dont il va faire l'objet (dont l'emblème reste le "Pop Goes The Weasel" du groupe 3RD BASS) sont que le blondinet se prend pour un noir, a la rime cheap et un son Top 50, dénaturant une culture aux codes très définies mais encore en devenir. Mais ça, c'est ce qu'on dit devant les caméras. Car, 1989, c'est aussi la sortie au cinéma de DO THE RIGHT THING de Spike Lee et l'apogée de la gloire de Public Enemy. Autant dire que la contestation et les revendications noires sont au centre des débats, pour le coup, assez virulents (N'oublions pas que l'on est deux ans avant les émeutes raciales de Los Angeles !).



Dans ce contexte, le succès d'un rappeur blanc aussi peu crédible peut être vite perçu comme l'intrusion inopinée d'une bande de redneck dans une master-class de Spike Lee ! Car il faut bien s'imaginer l'essentiel du public de Vanilla Ice : il est blanc et issu de l'Amérique profonde, soit en gros le présupposé de "raciste" pour la grande majorité de l'Amérique noire. Comprenez donc là-dedans que Robert Van Winkle (son vrai nom) a fait de son simple et inoffensif tube pop une provocation mal-vécue...

Dix ans plus tard, aucun rappeur blanc n'a osé pointé le bout de son nez, sûrement de peur de connaître le sort peu envieux de leur aîné malheureux. Car il faudrait bien une bonne grosse dose de talent et de répartie pour affronter le cruel monde du hip-hop et les stéréotypes qui lui sont inhérents. Celui qui se lancera, vous savez déjà qui il est : Oui, Eminem !

En 1999, son apparition sur la scène médiatique et musicale fait renaître le débat de la légitimité d'un rappeur blanc. Seulement, cette fois, impossible de dire qu'il n'a pas de talent et qu'il se prend pour un noir. L'autre blondinet ne parle en effet que de sa vie "white trash" avec un sens de la rime phénoménal, une la répartie assassine et un flow rarement égalé. Soutenu artistiquement par le pape "noir" du genre, il est difficilement attaquable sur sa légitimité et crédibilité - même si certains ont essayé en faisant valoir des morceaux de jeunesse à consonance raciste par exemple. Bref, le débat a lieu mais a vite été enterré : le hip-hop est devenue une culture bien assez solide pour assimiler des visions et des "couleurs" différentes.



Pourtant, en 2009, il faut bien avouer que le blanc n'est toujours pas une couleur très représentée dans le hip-hop américain, malgré des statistiques accablantes : 70 à 80% des disques de rap sont achetés par des blancs ! Le fantôme de Vanilla Ice rôde toujours mais celui d'Eminem également. Ce dernier est devenu une telle icône pop que tout rappeur blanc est aujourd'hui perçue - souvent à raison - comme une caricature pathétique du rappeur nasillard.

Et dans l'esprit d'un certain grand public (noir ?), le nouveau venu Asher Roth ne fait pas vraiment exception. Sauf que les deux ne pourraient pas être plus éloignés. D'abord parce que le flow amorphe de Roth n'a rien de comparable avec le phrasé supersonique de Em'. Ensuite parce que Roth est un pur produit de la classe moyenne supérieure US alors qu'Eminem vient tout droit des bas-fonds. Enfin parce que Roth ne parle que de fêtes, de cul et de fumette.

Avec ses beats un peu "old school", ses airs d'étudiant fêtard et ses textes débonnaires, Asher Roth pourrait faire un peu penser aux Beastie Boys première époque (Fight For Your Right (To Party)) en remplaçant l'hystérie punk par les délires pop. Bref, Asher Roth, c'est complètement inoffensif, léger et purement fun. Il suffit d'écouter le single I Love College pour s'en laisser convaincre très facilement : ce groove est imparable malgré des paroles légèrement abscons! Ce qui est bien la seule chose qu'on puisse lui reprocher : les lendemains de fête, les beuveries d'étudiants attardés, c'est sympa un moment mais très vite lassant...



Pour l'instant, avec une campagne marketing parfaitement huilée, le soutien de plusieurs rappeurs influents (Kanye West, Rick Ross, Busta Rhymes etc.) et un multi-culturalisme à la mode (merci qui ? merci Obama !), Asher Roth est donc presque assuré de vendre ce qu'il faut de son premier album, Asleep in the Bread Aisle - pas forcément pour les bonnes raisons mais est-ce que ça compte...

Asher Roth est de toute façon un pur produit de son époque, comme l'ont été avant lui Vanilla Ice et Eminem : Le buzz Internet a juste comblé les quelques lacunes de talent et le marketing se chargera du reste... Quant au temps, il reste le dernier capable de nous dire l'avenir de ce jeune homme...



MySpace de Asher Roth

22 avril 2009

LOVE next door

Il y a un post dans les brouillons de ce blog qui représente un peu mon Saint Graal. Une sorte de post ultime qui serait un peu la somme de tout ce que je suis, de la quintessence de ce que j'aime chez les autres (pour dire les filles, en gros) tout en continuant à parler de pop culture. Ce post, il est déjà bien entamé. Mon problème : tous les deux jours, je le modifie, je le réécris à outrance, ne sachant pas bien par quel bout le prendre, comment lui rendre honneur à sa juste valeur...

Ce post, je sais que j'arriverais à le sortir un jour. D'ailleurs, ces dernières semaines, il en est sorti quelques bribes dans mes différents posts (ici, ici ou ici). La preuve qu'il y a quelque chose qui se met en route en moi en ce moment. Serait-ce le printemps ?

Tout ça pour dire que ce n'est pas encore pour cette fois. Et non ! Je suis pas - encore - prêt. Par contre, je viens de tomber sur une nouvelle pierre pour la construction de cet édifice (Vous comprendrez un jour. Ceux qui me connaissent bien "dans la vraie vie" savent peut-être déjà un peu de quoi je parle...). La voici...



Comédienne croisée chez Judd Apatow (EN CLOQUE, MODE D'EMPLOI), Charlyne Yi, 33 ans (malgré ses airs de collegienne timide qui lui en font paraître 20 de moins !), est à l'origine de ce film PAPER HEART qui raconte comme un documentaire son histoire d'amour avec Michael Cera. Entre fiction et réalité, ce film (qui a reçu le prix du meilleur scénario à Sundance) a juste l'air d'être le truc le plus mignon de l'histoire du romantisme mignon au cinéma. J'en suis tout chamboulé....

21 avril 2009

Kim + Mickey : les retrouvailles

Retranscription de la discussion entre Kim Basinger et Mickey Rourke à l'avant-première de THE INFORMERS ce week-end à Los Angeles.

Mickey : Eh, salut Kim !
Kim : Pardon, on se connaît ?
Mickey : Oui, Mickey Rourke. On a tourné ensemble il y a 25 ans... 9 SEMAINES ET DEMI. Tu te rappelles ?
Kim : Ah oui ! Je t'avais pas reconnu...
Mickey : Par contre, toi, t'as pas changé... T'es même encore plus jeune... euh... belle qu'avant ! Il faudra que tu me donnes le nom de ton chirurgien. Les miens n'arrêtent pas de me foirer. Tous les ans, j'en change.
Kim : Bien sûr. C'est le roi du botox.
Mickey : Ah toi aussi, tu t'es mis à la boxe.
Kim : Non, pas à la boxe, au botox.
Mickey : Ah ! Désolé, j'ai perdu l'usage de mon oreille gauche suite à un match en 1992.
Kim : Dur...
Mickey : On a tous pris quelques coups...
Kim : Je ne te le fais pas dire... (Petite Voix Intérieure : Fucking Alec Baldwin !)
Mickey : Et sinon, qu'est ce que tu deviens ?
Kim : J'ai eu un Oscar en 1998.
Mickey : Ah oui, sympa. Moi, je l'ai loupé (PVI : Fucking Sean Penn !) Et sinon... ?
Kim : Euh...Bah... Euh... J'ai pas mal de projets... (PVI : Fucking Alec Baldwin !)
Mickey : Moi, je vais faire le méchant dans IRON MAN 2 et puis pas mal d'autres trucs. Il y a EXPENDABLES avec Stallone, 13 avec Statham...
Kim : Bon, je vais y aller, moi !
Mickey : Et puis il y a ELEVEN MINUTES avec ce palestinien qui avait été nommé aux Oscars...
Kim : ...Bon ! Et au fait, comment va ton chien Loki ? Il est pas mort ?
Mickey : (Silence) (PVI : Fucking Bitch !)
Kim : Mickey, il y a des fils qui sont en train de se détacher derrière tes oreilles...
Mickey : Merde ! Enculés de chirurgiens ! Au fait, comment va ce cher Alec ? Ca marche bien pour lui, non ? Cette série, 30 ROCK, c'est génial... Il me fait trop rire ce mec !
Kim : (Silence) (PVI : Fucking Bastard ! Fucking Alec Baldwin !)
Mickey : Tiens une ride ! Là sur ton front...
Kim : Fucking Botox ! FFFFUUUCCCCKKKKKIIIINNNNGGGG LIFE !!!!!
Mickey : Tu l'as dit ! Fini les années 80, ma belle... Il va falloir qu'on se fasse une raison...

19 avril 2009

Testez le geek qui est en vous

Les années 80 avaient les bodybuilders. Les années 90 avaient les surfers. Les années 2000 ont le geek. De nos jours, pour être cool, il faut donc aimer l'informatique, les comédies de Will Ferrell et regarder des films de science-fiction en boucle. Mais les années 80 avaient surtout la gonflette, les années 90 avaient aussi Brice de Nice et les années 2000 ont eu Cyprien. Bref, les imposteurs sont légions. Avoir des grosses lunettes, des T-shirts Transformers, aller voir SPIDER-MAN au cinéma et envoyer les liens des derniers mème à la mode ne fait pas forcément de vous un geek et donc quelqu'un de cool !

Alors à quoi reconnaît-on les vrais geeks ? Je crois avoir la réponse : ils aiment les épopées spatiales. Oui, je vous entends déjà vous dire : "Oui, moi, j'aime bien STAR WARS. c'est cool STAR WARS." Oui, c'est vrai. Mais êtes-vous prêts à vous mesurer à STAR TREK ? L'entreprise, Spock, le Capitaine Kirk, Starfleet, les Klingons, "live long and prosper" etc.


Plonger dans STAR TREK, c'est plonger dans une mythologie vieille de plus de 40 ans très ancrée dans la pop culture mondiale : fans dévoués et obsessionnels, conventions, une bonne dizaine de films et de séries dérivées et bien sûr du merchandising à la tonne. Il est vrai que la saga spatiale est aujourd'hui devenue objet de moquerie à force de séries et films kitsch et de parodies en tous genres. Trop culte, trop refermée sur elle-même et sûrement trop exploitée (6 séries dérivées, 10 films), elle n'attire plus aujourd'hui que les fans hardcore, les geeks pur jus.

Vous aimez STAR TREK ? Impossible alors de passer pour un imposteur. Vous êtes un geek, un vrai de vrai. Soit vous le savez déjà, soit il va falloir vous faire une raison...


Dans mon histoire personnelle, je me rappelle juste avoir vu la série originale (celle de 1966) dans mon enfance. Je me rappelle aussi que la télé-transportation me fascinait. Mais j'ai rapidement lâché l'affaire. LA GUERRE DES ÉTOILES a continué à m'attirer de longues années (jusqu'à être une des 10 premières personnes à voir l'épisode III en France - mais ça c'est une autre histoire...) mais pas STAR TREK. L'épopée spatiale a également été un genre qui a continué à m'attirer. J'en ai déjà parlé ici mais BATTLESTAR GALACTICA, SERENITY, STARSHIP TROOPERS, SPACE 2063 ou tout dernièrement SUNSHINE restent encore pour moi comme des grands moments de cinéma et de télé de ces dernières années.

Quand je suis rentré dans la salle de projection pour voir le reboot de STAR TREK par le docteur ès geek JJ Abrams, je ne peux donc pas dire que j'étais dans un état d'intense excitation. Mais pour les quelques raisons évoquées ci-dessus, j'étais quand même sacrement impatient, surtout depuis le moment où j'ai vu ça :



Probablement l'une des bandes annonces de blockbuster les plus extraordinaires et réussies de ces dernières années (notamment grâce à cette démentielle bande son), elle est aussi très représentative du film qu'elle est censée vendre : poignant, ambitieux, fun et impressionnant.

Car avouons-le, ça aurait pu être complètement foiré... Mais le créateur de LOST et producteur de CLOVERFIELD sait y faire : un script brillant qui joue sur les notions de voyage de temporelle, une mise en scène jamais ostensible qui saura à la fois satisfaire les fans hardcore en exploitant les références attendues et plaire aux néophytes en réinventant la mythologie sans la dénaturer. Si toutes les super-productions hollywoodiennes pouvaient être de ce niveau, des ailes me pousseraient et je voyagerais au septième ciel chaque jour que Dieu fait...

Bref, STAR TREK vu par JJ Abrams risque d'enfanter tout une tripotée de petits geeks qui vont se mettre à parler klingons et à se prendre pour les nouveaux capitaines de l'Enterprise. Personnellement, je suis déjà un peu conquis: J'ai déjà commandé mes fausses oreilles de Spock et me suis inscrit à la prochaine convention de fans...

Est-ce que ça veut dire que je suis en train de devenir cool ? Euh... Peut-être qu'il va falloir plus que ça finalement...

17 avril 2009

Je reviens...



... J'ai comme un irresistible besoin d'acheter des vêtements en coton.

Est-ce ma condition de jeune trentenaire célibataire un peu trop "sensible" ou Zooey Deschanel est la plus belle chose qui soit jamais passée devant une caméra ? Peut-on m'expliquer comment on peut avoir, à la fois, le (vrai) prénom (et nom) le plus cool du monde, chanter avec une aussi belle voix, avoir les plus beaux yeux de la création, s'habiller avec autant de classe, jouer la comédie avec autant de charme et toujours paraître aussi naturelle que la rosée du matin ?

Merde, je suis amoureux... Mr Gibbard, désolé, j'adore ton groupe (NDMoi : Death Cab for Cutie) mais je vais arrêter de l'écouter car je suis hyper jaloux !

Et parce que je suis un jeune trentenaire célibataire un peu trop "sensible", je me remets la bande annonce de mes rêves... PUTAIN, j'ai l'impression que ce film a été écrit pour moi, juste pour moi...


15 avril 2009

Pourquoi Richard Kelly est un génie incompris...

Quant on parle de réalisateurs "pop", quels sont les noms qui viennent immédiatement à l'esprit ? Judd Apatow et sa clique (40 ANS TOUJOURS PUCEAU, SANS SARAH RIEN NE VA....). Jason Reitman (THANK YOU FOR SMOKING, JUNO). Ben Stiller (TONNERRE SOUS LES TROPIQUES, GENERATION 90...). Edgar Wright (SHAUN OF THE DEAD, HOT FUZZ). Kevin Smith (CLERKS, JAY & SILENT BOB...). Mais si tous bourrent leurs scripts et mise en scène de références diverses au cinéma, au web, à musique ou à la télé, tous exercent leur style dans un registre comique.

Rares sont en effet ceux qui utilisent la culture pop pour des drames ou d'autres genres : il y a bien sûr Quentin Tarantino, le plus célèbre d'entre tous. Mais la rock-star du movie business a légèrement tendance à s'auto-parodier et à devenir le bouffon de service, à mon humble avis.

La vrai héros pop du nouveau millénaire cinématographique, c'est Richard Kelly. Il n'a réalisé que trois films : les deux premiers ont été largement ignorés lors de leur sortie salle alors que le troisième doit sortir en novembre prochain et il en a écrit un quatrième complètement méprisé par la majeure partie du public et l'ensemble de la critique. Bref, Richard Kelly, jeune metteur en scène de 34 ans, a la poisse.

C'est pas faute de talent pourtant.


Son premier film DONNIE DARKO (2002) a beau n'avoir récolté en salles que 500 000 dollars (sur un budget de 4,5 millions !), il s'est vendu comme des petits pains en DVD. Car entre temps, l'histoire de cet ado se voyant annoncé la fin du monde par un lapin géant a complètement envoûté une bonne partie de la jeunesse du monde entier. Beaucoup se sont en effet retrouvés dans les névroses et la mélancolie bien propre au nouveau millénaire qui se dégageaient de ce film : fini la génération X hésitant en rébellion et apathie cynique, bienvenue à la solitude en réseaux et au spleen 2.0.

La deuxième fois que l'on a entendu parlé du jeune auteur, c'est en 2005 avec DOMINO dont il a écrit le scénario. A priori, les univers de Richard Kelly et de Tony Scott auraient pu paraître inconciliables, tant ce dernier s'est fait une spécialité des montages frénétiques et de l'action trash. C'était oublié que Scott avait dix ans auparavant mis en scène les mots d'un autre auteur "pop", ceux du désormais célèbre Quentin Tarantino, pour TRUE ROMANCE. C'était également négligé la rage intérieure et les influences de Kelly qui se saisit de l'histoire vraie d'une ancienne top model/fille d'acteur devenue chasseuse de prime pour créer un pur moment de jubilation "pop", convoquant acteurs has-been de "Beverly Hills", Tom Waits ou Jerry Springer et références incessantes à deux décennies pop dans un grand déluge de romantisme macabre et baroque.


Enchaînement logique avec son deuxième film de réalisateur : SOUTHLAND TALES, qui vient juste de sortir en DVD en France, près de 3 ans après un passage désastreux à Cannes. Sur un pitch alambiqué de science-fiction et de fin du monde, Kelly convie des comiques du Saturday Night Live, un ancien catcheur, une diva de séries TV pour ados, une pop-star blondinette ou encore un acteur fétiche de Woody Allen pour ce qui ressemble à une ambitieuse déclaration de guerre au gouvernement Bush.


Car voilà le génie de Richard Kelly. Comme personne avant lui, il parle de la société de l'an 2000, de notre monde et donc de nous-mêmes par le biais de sa culture populaire. Et voilà donc pourquoi il est tant incompris, pourquoi ses films se retrouvent trop souvent sans gloire dans les bacs des vidéo-clubs. Kelly est un enfant des années 80 et un adolescent des années 90 : il a été nourri par MTV, les films d'action de Jerry Bruckheimer, le Saturday Night Live, les slashers movies et j'en passe. Des références peu prestigieuses, jamais vraiment reconnues à leur juste valeur par l'intelligencia critique et artistique dans tout ce que ça a de plus barbant (oui Festivals du monde entier, c'est de vous que je parle !).

Il est ainsi moins classe de parler de porn-stars, de films d'action de séries B, de blondinettes arrogantes, de chansons pop ou de télé-réalité que d'Ingmar Bergman, de Duke Ellington ou d'Antoine Doinel mais on a l'époque que l'on mérite. Et il faut bien se faire une raison : les stars du nouveau millénaire ont leur sex-tape, écument la trash TV ou remuent leur gras siliconé sur des chaînes câblées. De ces nouvelles icônes, Kelly n'en fait pourtant pas des héros. Mais il n'en fait pas non plus des ennemis. Au contraire même. Il en fait plutôt des victimes, les victimes du fascisme rampant, du capitalisme dégénérant et des gouvernements malfaisants. Voilà les vrais ennemis.


C'est de cela qu'est fait DOMINO ou SOUTHLAND TALES - et d'une façon plus détournée (subtile, diront certains) DONNIE DARKO. Ces films sont les résultats d'une vision certes excessive et désordonnée mais surtout totalement fascinante. Richard Kelly est un jusqu'au-boutiste : il va au bout de ses idées, quitte à perdre. C'est peut-être cela qui l'a poussé à placer au beau milieu de SOUTHLAND TALES une surréaliste scène de comédie musicale dans laquelle Justin Timberlake entonne dans une salle d'arcade de L.A. le "All The Things That I've Done" des Killers ("I Got Soul But I'm not a Soldier...") - scène qui est peut-être au final la plus symptomatique jamais filmée de notre ère.

Bref, tout ça pour dire que s'il y a un film à ne pas louper en ce moment, il n'est pas à voir au cinéma mais sur son écran de télé. Vous l'aurez compris : SOUTHLAND TALES est disponible chez tous les bons vidéos-clubs et dans les bons bacs et sur tous les bons sites Internet. C'est dommage mais c'est comme ça...

Et pour finir, si vous aimez ce blog, les films, les séries, les émissions de télé, les comiques dont je parle à longueur de posts, il se peut très fortement que vous aimiez fortement SOUTHLAND TALES. Voilà, la promo est terminée et elle était gratuite...


10 avril 2009

French Do It Better !

Pendant des décennies, Hollywood tenta de dissimuler ces films. Jamais le public ne devait connaître le secret de l'inspiration de quelques uns des plus grands blockbusters. Personne ne devait savoir. Le poids de la honte aurait été trop lourd à porter. Mais aujourd'hui, le monde doit connaître la vérité. Aujourd'hui, il faut rendre leur honneur à ces auteurs et à ces films trop longtemps bafoués. OUI. L'Amérique doit se faire une raison : les Français ont tout inventé. TOUT. Eminem en battle dans les clubs de Detroit ? Pfff, les Français. Bruce Willis en prise avec des terroristes ? Les Français. Jack Bauer tentant de sauver le monde en 24h ? Encore les Français. OUI, de 8 MILES à DIE HARD en passant par 24H CHRONO, la nouvelle vague a tout inventé bien avant ces yankees arrogants...

La preuve en image...

8 KILOMETRES


24 HEURES


DIAL HARD


Au cas où, vous l'aurez sûrement compris : ce sont des pubs virales (pour de la bière). Plus ici...

07 avril 2009

La Playlist Infinie #28 : Sara Lov

C'est l'album que j'écoute le plus en ce moment. Je ne peux pas m'en empêcher. C'est compulsif. Lorsque j'allume mon iPod, j'ai comme un besoin urgent d'écouter le premier album de Sara Lov, "Seasoned Eyes Were Beaming".

Pourtant, il y a quelques semaines, en découvrant son EP, "The Young Eyes", je ne pensais pas en parler. J'ai même envoyé un petit mail à Saab pour son blog car cette découverte me semblait plus proche de ses goûts et de sa ligne éditoriale.

Complètement enivré par les mélodies aériennes et la voix angélique de cette Californienne ancienne diva de la dream pop, je ne peux toujours pas m'empêcher de frissonner en entendant des mots comme "What kind of animal are we? / I should have never let you into me / But I never, never learned to swim / Until you came around and pushed me in."
Je ne sais toujours pas ce que ça veut vraiment dire mais ça raisonne en moi avec une sorte de proximité indescriptible.

Et tout l'album est à cette image... A découvrir d'urgence, donc...




... Avec en prime une reprise carrément sublime de "My Body is a Cage" de Arcade Fire sur le EP, "The Young Eyes".

MySpace de Sara Lov

05 avril 2009

Et toi, c'est quoi ton film préféré ?

Lorsque l'on parle cinéma avec quelqu'un, qu'on le connaisse depuis 2 minutes ou depuis des années, il y a forcément un moment où la fameuse question est posée...

C'est quoi au fait ton film préféré ?

Si la question raisonne comme une évidence. La réponse l'est souvent moins - évidente. Car "un film préféré", ce n'est pas rien. Un film préféré, c'est d'abord ce film que l'on peut voir des dizaines de fois sans jamais s'en lasser, voire même que l'on aime de plus en plus. Un film préféré, c'est ensuite ce film qui vous remue les tripes, vous donne des frissons, vous secoue de l'intérieur, vous explose le cerveau de bonheur et de plénitude. Un film préféré, c'est enfin ce film qui vous ressemble.

Par exemple, pour Mia Farrow dans LA ROSE POURPRE DU CAIRE, ce film ressemblait à une série B exotique. Pour les héros geek de Kevin Smith, il ressemblerait plus à une épopée spatiale avec des sabres lasers dedans. Pour Ellen Page dans JUNO, ce serait un film gore des années 50.

En ce qui me concerne, mon film préféré - je l'ai déjà mentionné - c'est JERRY MAGUIRE. Pourquoi ?
Pour plein de raisons (très) objectives : parce que c'est le meilleur rôle de la carrière de Tom Cruise, parce qu'il y a les grands yeux ronds et le charme instantané de Renée Zellweger, parce qu'il y a de la magie entre ces deux-là, parce c'est écrit avec des mots aussi beaux que les yeux de Zooey Deschanel, parce que Cameron Crowe est un génie (je l'aurais placé au moins une fois, celle-là!) ou parce que c'est drôle, émouvant et jubilatoire à la fois.
Mais surtout pour toutes les raisons évoquées auparavant : parce que j'ai arrêté de compter après ma dixième fois, parce qu'il a complètement changé ma façon de voir le monde et d'interragir avec l'extérieur, parce qu'il est comme moi... Comme moi, c'est un film qui aime l'idée du romantisme et de la fidélité, en amour comme en amitié. Comme moi, c'est un film qui aime l'idée que l'on peut changer et devenir quelqu'un de meilleur chaque jour qui passe. Comme moi, c'est un film qui aime l'idée de l'honnêteté, de la confiance et de la franchise.

Savoir reconnaître son film préféré implique donc de se connaître un minimum, de savoir qui l'on est au fond de soi. Et par conséquent, pour apprendre à connaître quelqu'un, il me semble très important de savoir quel est son film préféré.
Mais une constatation s'impose : la plupart des gens ne savent pas quel est leur film préféré.

Certains parce qu'ils n'y ont jamais vraiment réfléchi et qu'ils s'en foutent. Il peut en effet arriver que tout ne tourne toujours pas autour du cinéma. Je sais, il faut bien que je me fasse une raison...

D'autres parce qu'ils ne l'ont pas encore vu. Cela peut en effet prendre du temps: certains mettent toute une vie pour comprendre qui ils sont vraiment et, par conséquent, une vie entière peut être nécessaire à voir ce fameux "film préféré".
Personnellement, il m'est tombé dessus à un moment bien particulier, ce moment où j'étais censé devenir adulte. La première fois que j'ai vu JERRY MAGUIRE, j'avais en effet tout juste 18 ans. Est-ce une coïncidence? Je pourrais pas vraiment dire... Mais ça a changé ma vie ! J'en suis sûr...

Maintenant, ce que j'aimerais, c'est que chacun des lecteurs de ce blog se pose la question et écrive - avec le plus de sincérité possible - quel est son film préféré et si possible pourquoi c'est son film préféré (en évitant les trucs genre "parce que c'est trop bien joué") ? Ca me ferait tellement plaisir et je crois me permettra de mieux connaître mes si gentils lecteurs...