30 septembre 2009

Sandra Bullock a-t-elle trouvé sa voie ?

Cet été, aux Etats-Unis, il y a eu deux succès dans le registre comique. Le premier, évidemment, c'est VERY BAD TRIP qui a tout explosé. Le deuxième, c'est LA PROPOSITION qui venait par ailleurs marquer le grand retour de Sandra Bullock au top du box-office, presque 10 ans après MISS DÉTECTIVE.

Une bonne raison pour se pencher sur ce come-back car, dans le genre, la brunette relève d'une espèce extrêmement rare. Je sais que ce n'est pas très poli de dire ça mais Bullock vient tout juste de fêter ses 45 ans. Un âge où la plupart des actrices hollywoodiennes sont, soit à la retraite (voyez Debra Winger!), soit en convalescence avec un rôle pépère dans une série TV (voyez tout le cast de Desperate Housewives!), soit maquée avec un petit jeune plus riche (voir Demi Moore!). Le tout évidemment noyée dans un ocean de botox et de collagènes (voir quasiment toutes, de Meg Ryan à Madelein Stowe en passant par Melanie Griffith).

Ce qui est donc étonnant (et fascinant) avec Bullock, c'est qu'elle ait réussi à se maintenir (avec des hauts et des bas) à ce niveau de succès et de popularité malgré les années qui défilent. D'autant plus qu'elle n'a jamais été considérée comme une "immense" actrice - vous savez les Meryl Streep, Diane Keaton et j'en passe. Elle n'a jamais été nommé aux Oscars et n'a aucun "chef d'oeuvre" dans sa filmo, ce qui aide beaucoup (voyez Julia Roberts par exemple). En fait, Sandra Bullock, on la connaît pour SPEED en 1994, le rôle qui l'a révélé, et pour ces dizaines de comédies romantiques plus ou moins réussies (L'AMOUR A TOUT PRIX pour citer la meilleure d'entre elles).

Ce qui la différencie toutefois de ses collègues, c'est qu'elle a assez vite compris qu'à 40 ans les rôles majeurs devenaient aussi rare pour une actrice qu'une ride sur le front de Demi Moore. Elle a donc créé sa propre boîte de prod en 1998 et a crée par la même occasion ses propres rôles. C'est de cette façon que Tom Cruise et Will Smith sont devenus ce qu'ils sont, des stars mondiales et quasi-indétrônables.

Mais se créer ses propres rôles est une chose, il faut que le public suive. Compte tenu que ce même public ne l'a jamais tant aimé que dans des comédies romantiques, à jouer des filles un peu fofolles et maladroites, que faire ? Ces rôles sont habituellement réservés aux moins de 30 ans, aux jeunes actrices aux dents longues et à la peau immaculée de rides. Il faut "avoir des couilles" pour oser se dire qu'elle pourrait très bien, à 45 ans, continuer à faire dans l'héroïne fleur-bleue qui se casse la gueule dans l'escalier. Bullock n'avait néanmoins pas le choix : elle est connue et reconnue pour ça. C'est sa "marque de fabrique" et, il faut bien l'avouer, elle est assez douée pour ça. Le jour où Meg Ryan a voulu sortir de son ghetto dorée, elle est morte.

Alors pourquoi pas ? Les hommes peuvent bien être des héros romantiques la cinquantaine passée. Et que font-ils pour ça ? Ils s'acoquinent d'actrices plus jeunes : ceux de 50 ans tournent avec des actrices de 40 ans, ceux de 40 tournent avec des trentenaires. A l'écran, ça les rajeunit, ça fait oublier les rides et les courbatures.
Sandra a donc adopté la technique et ça marche ! Ryan Reynolds dans LA PROPOSITION est de 12 ans son cadet. Idem pour Bradley Cooper, son partenaire dans ALL ABOUT STEVE, sa nouvelle comédie romantique qui "marchotte" aux Etats-Unis (malgré un déchaînement des critiques !). Mâles-alpha à la mode, trentenaires beau-gosses et bien bâtis, ils sont le fantasme idéal des ménagères qui se déplacent logiquement en masse voir une "femme de leur âge" se les taper. Quant aux autres, elles se rassurent pour l'avenir !

Combien de temps ça va durer ? Difficile à dire. Tout dépendra du talent de son chirurgien. Mais plus encore, cela dépendra de sa capacité à aller au-delà de son héroïne de comédie romantique. Bien sûr, elle l'a déjà fait dans le passé mais sans grand succès : le drame ne lui va pas très bien. Est-ce que l'âge peut changer ça ? Certainement. Il suffit juste d'enclencher la bonne vitesse, ne pas trop en faire et surtout garder un semblant de "naturel" sur son visage...

28 septembre 2009

The King of Douchebags

AVERTISSEMENT : Avant de lire ce qui va suivre, je vous conseille de rester à portée de main d'un puissant désinfectant et d'une grande quantité d'eau. Exposés aux méfaits du personnage dont il sera question dans ce post, vos yeux pourraient en effet se mettre à brûler, voire à saigner.

Tucker Max. Il est très probable que vous n'ayez jamais entendu ce nom de votre vie et cela fait de vous quelqu'un de très chanceux. Des millions d'Américains ne peuvent pas en dire autant. Ces sept dernières années, ils ont du en effet se coltiner l'ascension médiatique de ce type qui a fait de sa nature profonde son fond de commerce.

Max a beau être diplômé d'une des facs de droit les plus prestigieuses du pays, ce n'est pas ces talents d'orateur à la barre des tribunaux qui lui ont valu sa "renommée". C'est par le biais de son blog (ouvert en 2002) qu'il commence à attirer l'attention. Qu'est ce qu'il y raconte ? Ses nuits de débauche, des blagues vulgaires sur les handicapés et autres moqueries misogynes sur les filles qu'il s'est (prétendument) tapé.

Avec son attitude complètement décomplexé et un goût certain de la provocation, le type fait jaser et il se voit offrir un gros chèque par un éditeur pour l'adapter en livre. Il en tirera I HOPE THEY SERVE BEER IN HELL qui est un bestseller instantané (70 000 copies la première année !).

Le sexe, la vulgarité et les crasses en tous genres font recette. Tucker Max en est l'emblème. Mais à l'époque, le type pouvait encore apparaître comme l'incarnation "second degré" du pire de l'arrogance et de la vulgarité "à l'Américaine". Si l'expression "Douchebag" est revenu à la mode ces dernières années, il est bien possible que Max en soit un peu la cause, tant le terme lui correspond à merveille. Vous savez, une version "live" de l'archétype du bourrin des teen movies, le Stifler de la génération 2.0.
En gros, vous pouviez encore vous dire que Max était un petit opportuniste prêt à payer de sa personne et que lire sa prose était finalement assez semblable à regarder le VERY BAD TRIP de Todd Philipps, jubilant devant un bonne dose de blagues de potaches politiquement incorrects...

C'est d'ailleurs peut-être ce qui amena le réalisateur Richard Kelly (DONNIE DARKO, SOUTHLAND TALES) à acheter les droits du bouquin pour en faire un film. On connaît la fascination de ce dernier pour la culture trash des médias américains et le lien thématique entre I HOPE THEY SERVE BEER IN HELL et des films comme DOMINO et SOUTHLAND TALES est assez évidente - même s'ils fonctionnent dans des genres totalement différents.

Sauf qu'on se rend rapidement compte en voyant la bande-annonce du dit film écrit par Tucker Max lui-même, qu'il n'a jamais été question de second degré, ni même de troisième et encore moins de quatrième degré.



(Si vous yeux ne se sont pas mis à saigner) Que voyez-vous dans ces images ? Vous voyez la version bas de gamme, ras du front de VERY BAD TRIP. C'est un peu comme si les responsables de ce film s'étaient faufilé dans les studios Warner, avaient dérobées les scènes coupées jugées trop mauvaises et en avaient fait un deuxième long-métrage ! Je crois que la critique de USA Today résume bien l'affaire : "Hell is too good for those associated with this movie."

Petite consolation, donc. Le film I HOPE THEY SERVE BEER IN HELL semble se diriger vers le bide intégral. Cela arrêtera-t-il Tucker Max dont le deuxième livre, ASSHOLES FINISH FIRST (WTF!) doit être publié en 2010 par le plus grand éditeur américain ? Apparemment non. Les enculés ont visiblement de beaux jours devant eux !

25 septembre 2009

Made in 80's #11 : le Top 10 des slows de ciné

Je vais entreprendre ici de réhabiliter le plus méprisé des phénomènes modernes : le slow des années 80 ! Car cette maudite jeunesse des années 2000 a décrété, comme ça, totalement arbitrairement, que le slow était ringard... Tellement ringard que cela a amené le plus grand pourvoyeur de slows - le cinéma - a arrêté depuis pas mal d'années de fournir ses clients accrocs à la guimauve, aux guitares qui pleurent, aux violons qui suintent et aux chanteuses qui braillent leur Amour éternel...

Donc pour redonner toute leur gloire à ces chansons méprisées, je vous demande de (re)découvrir ces chansons en les écoutant un jour de pluie en pensant à celle(celui) que vous aimez de loin (ou de près d'ailleurs)... Vous comprendrez alors...

1/ "Take My Breath Away" de Berlin (TOP GUN)
Ecrite par le pape de l'italo-disco Giorgio Moroder, cette chanson a fait connaître le groupe californien Berlin dans le monde entier, après "The Metro", la chanson qui les a fait connaître aux Etats-Unis. Ils n'auront pourtant pas su capitaliser sur le succès international de "Take My Breath Away" qui reste une des chansons les plus symptomatiques des 80's et sûrement une petite cause du succès de TOP GUN. Voir la vidéo.

2/ "Purple Rain" de Prince (PURPLE RAIN)
Conclusion du film du même nom, les 8 minutes et 45 secondes de cet épique slow vous laissent largement le temps d'emballer... D'autant que la structure de la chanson qui se termine en apothéose vous facilite la tâche en vous envahissant de frissons grâce à sa guitare triste et ses cordes magnifiques. Voir la vidéo.

3/ "Against All Odds (Take A Look At Me Now)" de Phil Collins (CONTRE TOUTE ATTENTE)
Écrite par Phil Collins après avoir été quitté par sa femme au tout début des années 80, cette chanson est le "Ne Me Quitte Pas" de la pop culture mondiale des 80's et aurait du figurer dans son premier album solo. Finalement, le titre atterrit sur la BO du film noir de Taylor Hackford et fut nommé aux Oscars. Perso, ma chanson préférée EVER de Phil Collins. Voir la vidéo.

4/ "Live To Tell" de Madonna (COMME UN CHIEN ENRAGE)
Clairement la meilleure ballade de toute la carrière de Madonna, cette chanson sur les blessures de l'enfance et la force nécessaire pour les surmonter devait à l'origine figurer sur la BO du film FIRE WITH FIRE. Finalement, la Madonne décida de la faire figurer dans COMME UN CHIEN ENRAGE, dans lequel son mari de l'époque, Sean Penn, jouait le rôle principal. Voir la vidéo.

5/ "Almost Paradise" par Mike Reno & Ann Wilson (FOOTLOOSE)
Écrite par Eric Carmen, à qui l'on doit entre autres la chanson culte des célibataires "All By Myself", cette chanson sur l'amour au premier regard est interprétée par deux figures de la pop 80's : d'un côté le chanteur du groupe Loverboy, de l'autre la chanteuse du groupe Heart. Et ce n'est qu'un des 4 tubes de la BO de FOOTLOOSE ! Voir la vidéo.

6/ "Arthur's Theme (Best That You Can Do" de Christopher Cross (ARTHUR)
Une fois n'est pas coutume, un slow pour illustrer une comédie. Dans celle-ci, Dudley Moore interprète un millionnaire obligé de se marier à une femme qu'il n'aime pas pour toucher un héritage. Le film est plus resté dans les mémoires aux USA qu'en France mais la chanson, co-écrite par le légendaire Burt Bacharach, est une des plus connue de la décennie partout dans le monde. Voir la vidéo.

7/ "Who Wants To Live Forever" de Queen (HIGHLANDER)
Utilisée pour illustrer la douleur de l'immortel Connor MacLeod en voyant vieillir celle qu'il aime sous ses yeux, la chanson de Queen, qui n'a bizarrement pas connu un très grand succès à l'époque, est hautement cinématographique en laissant une grande place aux cordes et à la guitare de Brian May qui a composé la chanson. Voir la vidéo.

8/ "Lady Lady Lady" de Joe Esposito" (FLASHDANCE)
Ce n'est pas le titre le plus connu et évidemment pas le plus gai de la BO de FLASHDANCE mais c'est bien sûr le plus beau et émouvant. Ecrites spécifiquement pour le film, les paroles collent au plus près de l'intrigue du film qui raconte le combat d'une ouvrière pour atteindre son rêve de devenir danseuse. Depuis Joe Esposito s'est spécialisé dans les chansons de films (STAYING ALIVE, KARATE KID, UN PRINCE A NEW YORK...) avant de se recycler aujourd'hui comme chanteur de Casino à Vegas... Voir la vidéo.

9/ "Endless Love" de Lionel Richie & Diana Ross (UN AMOUR INFINI)
Cette chanson écrite pour le teen movie UN AMOUR INFINI (qui marque la toute première apparition de Tom Cruise devant une caméra), sorte de Roméo & Juliette des 80's, est probablement une des chansons les plus entendues dans les mariages des années 80. C'est également le plus gros tube de la carrière solo de Diana Ross. Lionel Richie sait définitivement écrire de pure chanson d'amour. Voir la vidéo.

10/ "Up Where We Belong" de Joe Cocker & Jennifer Warnes (OFFICIER ET GENTLEMAN)
Don Simpson, le producteur du film, ne voulait pas de la chanson mais dut se résigner. Il ne s'est pas beaucoup trompé dans sa carrière mais sur ce coup là, il l'a échappé belle, compte tenu que la chanson récolta un Oscar et un Golden Globe. Si Joe Cocker n'est plus à présenter, Jennifer Warnes qui l'accompagne s'est spécialisée dans la chanson de film puisqu'elle a entre autres interprété celle de NORMA RAE en 1977 et celle de DIRTY DANCING en 1987. Voir la vidéo.


BONUS TRACK : "You Call It Love" de Karoline Kruger (L'ETUDIANTE) + "Reality" de Richard Sanderson (LA BOOM)+ "Your Eyes" de Cook Da Book" (LA BOOM 2) parce que voilà quoi, vous savez...



23 septembre 2009

Comme dans un miroir...

J'en ai déjà parlé à plusieurs reprises. Deux fois pour être exact. Mais si je ne m'étais pas fait un peu violence, vous y auriez eu droit au moins deux fois par semaine. Car 500 JOURS ENSEMBLE est, depuis l'apparition de la première bande-annonce sur Internet, le film de mon coeur, ce film qui vous convint dès les premières images. Ces images de Zooey Deschanel, de son sourire gracieux, de ses yeux bleus grand ouverts. Celles aussi de Joseph Gordon-Lewitt, de son regard mélancolique, de son sourire gêné aussi.

Quelques jours avant de voir le film (en projection presse), je m'angoissais pourtant. Quand on s'emballe aussi vite pour un montage de 2 minutes, voir l'ensemble d'1h30 a largement de quoi vous décevoir. Sauf qu'il y avait un petit quelque chose dans la bande-annonce, ce truc qui vous fait penser que ce n'est pas n'importe quel film avec de belles images, de beaux acteurs et une belle histoire.

Le fameux jour est donc arrivé. C'était il y a deux semaines. Comme j'aime à le répéter souvent, je vais beaucoup au cinéma. Tous les ans, je vois énormément de films, des vieux, des neufs, des en anglais, des en français, des en plein d'autres langues, des chiants, des divertissants... Bref, plein de films. C'est donc très régulièrement qu'un film me choque, me révulse, m'emporte, me fait pleurer ou me met en colère. Au cinéma, il n'y a rien de pire que l'indifférence. Un film doit me fait réagir, en positif comme en négatif. En 30 ans, mon appétit cinéphile m'a donc fait à peu près goûté à toute sorte de réaction.

Celle que m'a offerte 500 JOURS ENSEMBLE allait pourtant s'avérer inédite. Je suis en effet sorti de la salle de projection avec la sensation très très étrange de m'être regardé dans un miroir. Bon, évidemment, Joseph Gordon-Lewitt est bien plus beau-gosse que je ne le suis mais vous aviez sûrement bien compris que ce n'est pas ce genre de miroir auquel je fais référence. Celui dont je parle, c'est le miroir de l'âme, celui qui va chercher au fond de vous ce qui vous fait vibrer et surtout vous fait souffrir. De scène en scène, de réplique en réplique, j'étais confronté à mes propres désirs, mes propres peurs, mes propres peines et évidemment mes propres obsessions et névroses - le tout dans un univers si proche du mien qu'il m'a empêché de m'évader, de regarder ailleurs.

Bien sûr, ça m'arrive tout le temps de me retrouver dans un personnage, dans une situation, une réplique, une scène mais jamais dans un film entier. J'aimerais dire que c'est agréable comme sensation, qu'on se sent moins "seul", mais non : ça fait terriblement mal. J'ai du mal à l'expliquer. Il faudrait que j'aille voir un psy pour ça...

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne rentrerais pas dans les détails du film. De toute façon, avec ce que je viens d'écrire, il sera facile de comprendre une fois que vous l'aurez vu. Mais je peux vous dire un truc : mardi prochain, j'y retourne... Mon coeur risque encore de se briser mais je vais affronter ça une bonne fois pour toute... OU PAS !


20 septembre 2009

Un Gars + Un Gars

C'est le terme pop à la mode : bromance, contraction de "brother" et de "romance". Le terme a déjà quelques années mais le contexte social l'a fait ressurgir, à la faveur de plusieurs comédies traitant directement du sujet (I LOVE YOU MAN, HUMPDAY) ou indirectement (DELIRE EXPRESS, SUPERBAD, CHUCK & LARRY...). Il est même apparu dans le dictionnaire Collins qui y va de sa définition : "une relation proche mais non sexuel entre deux hommes". L'amitié, quoi ? Pas tout à fait.

Je ne vais pas révolutionner la sociologie contemporaine en disant que l'amitié entre filles est traditionnellement assez différente de l'amitié entre garçons. Les filles passent des heures à se raconter leur vie, à tout se dire avec sincérité et à se dire à quel point elles s'aiment. Je ne voudrais pas faire de généralités, balancer des clichés honteux mais il suffit de regarder SEX & THE CITY. Si autant de filles adorent Carrie et ses copines, ce n'est pas parce qu'elles aiment la science-fiction !

Au contraire, les garçons passeront ces mêmes heures à regarder ou faire du sport, discuter de filles avec la sincérité du dentiste qui vous dit que ça ne va pas faire mal et surtout à faire très attention à ne pas rentrer dans le "trop intime". Voyez ENTOURAGE par exemple. C'est ce qu'on appelle l'amitié virile et c'est très démodé.

La bromance est la nouvelle norme car elle parle à l'homme nouveau, cet homme qui assume désormais son côté féminin et l'intimité qui va avec. L'homme nouveau s'ouvre aux autres et particulièrement aux autres hommes à qui il n'a plus peur d'exposer son amour. Il n'est plus dans la superficialité des relations homme-homme d'autrefois. Dans SUPERBAD, Jonah Hill hurle par exemple à Michael Cera : "I just wanna go to the rooftops and scream, ‘I love my best friend!’". Dans SCRUBS, JD et Turk entonnent fièrement dans la saison 6 : "Guy love. That’s all it is. Guy love, he’s mine, I’m his. There’s nothing gay about it in our eyes."

Ce genre de "nouvelle relation", c'est la bromance. Les hommes n'ont plus peur de paraître "gay" et se libèrent.

Mais au-delà de la comédie récente qui observe les comportements humains modernes et en parle frontalement pour mieux faire rire ces contemporains (merci Judd Apatow !), la bromance "inconsciente" existe depuis bien longtemps dans la pop culture parce que finalement, l'homme d'aujourd'hui n'a qu'une seule différence avec l'homme d'hier : il s'assume !

Voici donc une sélection de bromance moins assumée, mais tout aussi belles...

Maverick + Iceman (TOP GUN)
Autant beaucoup diraient que la bromance se situait plus entre Maverick et Goose, autant une réplique du film remet tout ça en cause. La bromance, la vraie, c'est Maverick et Iceman. Cette réplique : "You can be my wingman any time / Bullshit. You can be mine. Ils pourraient dire : "Hé, mec, je t'aime. Je ferais tout pour toi", ce serait la même chose !

Wilson + House (DR HOUSE)
Voilà une pure bromance non assumée, du moins par l'une des parties. Car pour Wilson, les choses sont claires : il l'aime son vieux bougon cynique de collègue. C'est bien le seul mais il l'aime : il lui fait à manger, nettoie son appart et reste le seul capable de l'apaiser par ses mots réconfortants. De son côté, House fait mine de ne pas manger de ce pain là mais, au fond de lui, n'est pas dupe...

Sam + Frodo (LE SEIGNEUR DES ANNEAUX)
Do you remember the taste of strawberries? / No, Sam. I can't recall the taste of food, nor the sound of water, nor the touch of grass. I'm naked in the dark. (...) / Then let us be rid of it, once and for all! Come on, Mr. Frodo. I can't carry it for you but I can carry you! Rien à dire de plus. Si ça, ce n'est pas une déclaration d'Amour, je n'y connais rien.

Jules + Vincent (PULP FICTION)
On a beau être tueur à gages et se croire des vrais mecs, la sensibilité se cache derrière chaque homme. Parce que, soyons sérieux, quand Jules et Vincent discutent, on dirait un vieux couple. Il suffit de voir la scène que fait Jules à Vincent quand ce dernier lui annonce qu'il va quitter le biz. Et cette discussion sur le massage des pieds ?! Si c'est pas de l'intimité ça...

Bohdi + Johnny (POINT BREAK)
Ils se sont rencontrés par le sport mais la relation qui en découle va beaucoup plus loin. "I know Johnny. I know you want me so bad it's like acid in your mouth. But, not this time." Quand un type dit quelque chose comme ça à un autre type, ce ne peut pas être seulement de l'amitié virile entre deux surfeurs. Et quand Johnny Utah décharge son flingue dans le vide après une course éperdue dans L.A. pour choper Bohdi, ça veut dire quoi à votre avis ?

Rocky + Appolo (ROCKY III)
Après s'être mis sur la gueule pendant des années, Rocky Balboa et Appolo Creed se sont enfin réconciliés et ce qui suivit alla bien au-delà du sport. Comme Bohdi et Johnny Utah dans POINT BREAK, ces deux-là se sont trouvés un point commun dans le sport mais clairement il y a plus, beaucoup plus. Avec cette vidéo (time-code 3:00), impossible de dire le contraire.

Ross + Chandler (FRIENDS)
Là, il y a débat. Tout le monde pense que la bromance se situe entre Chandler et Joey. Mais non, à mon humble avis, la vraie, c'est Chandler et Ross. Ce qui me fait penser ça ? L'amitié de Chandler et Joey repose essentiellement sur des activités dites viriles : regarder ALERTE A MALIBU en est une par exemple. Au contraire, Chandler et Ross entretiennent une relation quasi-fusionnelle dont le paroxysme a été le mariage de Chandler avec Monica, la soeur de Ross, son double féminin ! Quand à Ross, il s'est tapé la mère de Chandler ! Vous passerez au cabinet pour la psychanalyse...

17 septembre 2009

La Playlist Infinie #32 : Music Go Music

Je vous préviens tout de suite, je n'ai pas grand chose à raconter sur MUSIC GO MUSIC. Le résultat d'un silence médiatique assourdissant et d'une volonté (rare) de rester anonyme, de la part de ce groupe californien qui ferait presque oublier le revival 80's qui submerge la musique pop actuelle.

En même temps, ils troquent une nostalgie pour une autre, en l'occurrence le disco pop d'ABBA. Car quand vous écoutez par exemple "Light of Love", la piste 3 de leur premier album EXPRESSIONS, c'est comme si vous aviez une vision rétroactive des collants moulants d'Agnetha Fältskog ! C'est tellement la même chose que ça en devient effrayant. Mais en même temps, ABBA savait composer de putains de chansons pop et MUSIC GO MUSIC aussi. C'est violemment accrocheur !

Surtout que l'on peut en dire autant des neuf chansons de leur album signé sur le label Secretly Canadian, entre autres maison de Antony & The Johnsons et de Frida Hyvönen. Heureusement pour eux, ABBA reste une influence comme une autre et le mimétisme de la piste 3 n'est pas toujours aussi évident. Le son de MGM a donc un peu aussi de Blondie ("Warm In The Shadow" avec sa basse puissante), mais aussi d'Electric Light Orchestra, et pas mal également de la mélancolie des Carpenters.

Et pour arrêter avec les comparaisons, le premier album de MUSIC GO MUSIC est pop, lyrique, incandescent, mélodiquement parfait, un peu fou (les cris de "I Walk Alone" sont juste incroyables) et donc bâti pour enflammer les pistes de danse.

On pouvait lire dans la critique de Pitchfork d'un de leur EP que c'est difficile de savoir si vous aimez ces chansons parce qu'elle sont bonnes ou parce qu'elles vous rappellent de bonnes chansons. C'est clair que c'est tout à fait légitime comme interrogation mais finalement pas très important... vu que vous venez de suer toute l'eau de votre corps en vous déhanchant frénétiquement sur toutes ces chansons !






MySpace de Music Go Music

15 septembre 2009

Nobody puts Patrick in a corner !

Je commence à en avoir ras le cul. D'abord parce qu'en l'espace de 2 mois, c'est trois figures majeures de la pop culture des 30 dernières années qui s'en vont. Ensuite parce que 30 ans, c'est justement mon âge et donc ça me fait tout d'un coup me sentir salement vieux. D'abord Michael Jackson, puis John Hughes et finalement Patrick Swayze, qui vient de décéder en ce lundi 14 septembre.

Il paraît que ça ne devrait pas être un choc, compte tenu du fait que l'acteur avait annoncé il y a un an qu'il avait un cancer du Pancréas. Bah si, c'est un choc, un putain de choc. C'est un choc parce que la mort d'une idole de votre enfance et de votre adolescence, ce n'est jamais rien. C'est la mort d'une partie de vos illusions et de vos rêves en cinémascope. Peu importe qu'elle ait une maladie incurable, une idole n'est pas censée mourir dans votre coeur, donc dans la vie non plus. C'est con mais c'est comme ça...

Parce que Patrick Swayze n'était pas de ces idoles qu'on admire pour leur omniscience (Michael Jackson) ou leur influence (John Hughes). Patrick Swayze est de ces idoles dont on affiche les posters sur les murs de sa chambre. Patrick Swayze est de ces idoles qu'on admire tout court, de celles qui vous impressionnent autant qu'elle vous touche, de celle qui vous apprenne à vivre votre enfance, votre adolescence, voire votre vie d'adulte.

Pendant plusieurs années, le poster 120x160 de DIRTY DANCING a donc orné les murs de ma chambre d'adolescent. Je sais que c'est censé être le film de filles par excellence. Je pense qu'aucune fille de ma génération n'est pas folle de ce film ! Mais moi aussi, ce film, je l'ai vu, revu, usé jusqu'à épuisement totale de la VHS. Rétrospectivement, je sais bien ce qui me plaisait dedans. La première chose, clairement, c'est Jennifer Grey, sûrement un de mes tous premiers béguins cinéphiliques (son nose job est une des pires catastrophes de ma vie !). La seconde, c'est évidemment Swayze qui a alors incarné pour moi la parfaite incarnation de la "virilité sensible". A l'époque, les "vrais mecs", c'était Stallone, Schwarzenegger, Kurt Russell, ce genre de type dopé aux hormones. Dans cet océan de pectoraux gonflés aux amphets, le personnage de Johnny Castle représentait donc le mâle à la fois sûr de lui et de son sex-appeal mais surtout un homme passionné à la sensibilité exacerbée, fragile et tremblant face à la fille qu'il aime au moment de l'embrasser pour la première fois.

C'est également de là que vient la force lyrique de GHOST, un autre "film de filles", qui m'a bouleversé à chaque fois que l'autre VHS s'est usée sur la tête de lecture du magnétoscope. Derrière ce physique félin et un peu surréaliste se cachait un acteur qui savait mieux que personne communiquer l'émotion brute - en particulier celle du sentiment amoureux. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien qu'on a souvent moqué POINT BREAK et sa bromance ambigüe entre le flic Johnny Utah et Bohdi le surfeur zen : l'impassibilité du visage de Keanu Reeves face à la passion incandescente de celui de Swayze ont fait des miracles sur le film culte de Kathryn Bigelow.

Décidément, là, après Coldplay, je passe définitivement pour une vraie midinette. Mais rassurez-vous, j'avais aussi le poster de ROAD HOUSE dans ma chambre. Il était juste un peu moins grand que celui de DIRTY DANCING... Et franchement, lorsque vous aimez un film avec une réplique comme "Je vois que tu as trouvé ma salle des trophées, Dalton. La seule chose qui y manque, c'est ton cul", vous vous sentez comme un vrai mec... OU PAS !

En écrivant ces quelques lignes, j'ai eu un peu l'impression de radoter, d'écrire la même chose qu'il y a quelques semaines sur Michael Jackson et John Hughes. Il faudrait donc que la série noire s'arrête un petit peu...

14 septembre 2009

La vie et la mort de Michael Cera

Il y a quelques mois, je parlais de Zac Efron et de son avenir dans le movie business. A la question de savoir s'il pouvait sortir à terme de son image de minet à mèche, idole des adolescentes en chaleur du monde entier, je concluais qu'il devrait choisir des rôles adultes le moment venu, faire des choix osés et surtout couper sa mèche. Franchement, vous conviendrez que la tâche n'est pas insurmontable.

Elle pourrait l'être encore moins pour Michael Cera. Lui n'aurait point de ciseaux à sortir. Juste une garde-robe à revoir. Pour s'installer sur la longueur, il faudrait en effet qu'il dise au revoir à ses hoodies American Apparel. Terminé. Bye Bye. Adios. C'est sûr qu'ils lui portent chance. JUNO (et le hoodie rouge), SUPERGRAVE (et le hoodie jaune), UNE NUIT A NEW YORK (et le hoodie noir) et PAPER HEART (et les hoodies vert et rouge) ont été de beau succès et lui ont apporté la gloire, sûrement pas mal d'argent et apparemment l'Amour.

Mais ils sont surtout le symbole du personnage qui lui colle à la peau. Vous savez, cet adolescent un peu gauche, étrange et timide qui tombe amoureux d'une fille bien plus dégourdie que lui. Depuis la série ARRESTED DEVELOPMENT, Michael Cera n'a tenu qu'un seul et même rôle : celui-là. Son dernier film, YOUTH IN REVOLT, qui doit bientôt sortir aux Etats-Unis, ne semble pas faire exception.

Loin de moi l'idée de le lui reprocher. Je suis fan absolu de ce personnage. Je m'y reconnais sur de très nombreux points. C'est un personnage rare, de ceux qui ont changé la façon dont les gens (et en particulier ceux qui ont un vagin) ont regardé les garçons "sensibles" et "passionnés". Il est le contrepoint parfait à tous les beaux-gosses à la gueule carrée et aux abdos parfaits qui inondent les écrans à longueur d'années. Il est le héros romantique de ceux, garçons et filles, qui aiment aussi s'identifier à des gens qui leur ressemble.

Le problème, c'est qu'à trop le jouer, il va forcément finir par s'évanouir en lassant à la fois ceux qui vont le voir et ceux qui lui donnent ses chèques. Déjà dans la comédie d'Harold Ramis L'AN 1, il est à la limite de l'auto-parodie. Autrefois, comme je le disais ici, les plus grandes stars se bâtissaient sur un rôle récurrent, sur un personnage-type qui revenait de film en film : l'ambitieux charmeur pour Tom Cruise, le chien-fou désinvolte pour Mel Gibson etc. Mais ce temps est désormais révolu : ce petit jeu marche sur le court voire le très court terme, le public, abreuvé chaque jour de nouvelles stars grâce aux tabloïds, YouTube et blogs, s'entiche plus vite que jamais de nouveaux visages et de nouvelles attitudes.

Et là, Cera a un soucis qui va être difficile à contourner. Son physique. C'est à la fois sa force (car rare et donc facilement identifiable) mais aussi sa plus grande faiblesse. C'est vrai qu'il n'a que 21 ans mais ce look d'adolescent pré-pubère chétif et quasi-androgyne, il n'a en effet pas l'air de le perdre au grès des années. Difficile dans ces circonstances de sortir de sa condition d'adolescent timide. Il a toujours la possibilité de changer de registre, de se mettre au drame (son regard mélancolique a déjà fait des merveilles dans JUNO et UNE NUIT A NEW YORK) mais, même là, il risque d'être cantonné dans son rôle fétiche.

Vous savez quoi ? Ça me fait mal d'écrire ça. J'aimerais bien faire autrement mais je pense qu'on entendra plus parler de Michael Cera d'ici 5 ans... Dites-moi que je me trompe. Dites-moi que je pourrais bien aller me flageller d'ici 5 ans pour avoir eu tort. S'il vous plaît, dites-le moi. Parce que j'adorerais plus que tout avoir tort. Mais la carrière de Michael Cera ne m'inspire pas vraiment confiance... En tous les cas comme acteur de cinéma...

10 septembre 2009

Coldplay fait-il de la musique de bisounours ?

Dans une scène de 40 ANS TOUJOURS PUCEAU, Seth Rogen et Paul Rudd s'amusent au fameux et toujours très drôle jeu du "You Know How I Know You're Gay", jeu qui se termine par cette cinglante réplique : "You like Coldplay" !

Une réplique très symptomatique de l'image de Coldplay, probablement le plus grand groupe du monde, dans la pop culture actuelle. Depuis quelques années, le groupe de Chris Martin est en effet devenu le groupe à abattre, le groupe qu'il ne faut surtout pas aimer sous peine d'être taxé, au choix, de tapette et/ou de midinette. Que ce soit les amateurs de gros sons rock ou de sons indés un peu obscurs et expérimentaux, tous crachent sur ses mélodies proprettes et ses belles paroles sur l'Amour.

C'est lors de mon premier stage (comme vendeur à la FNAC!) en août 2000 que je les ai découvert : leur premier album PARACHUTES venait de sortir. Je n'écoutais pas trop ce genre de musique à l'époque mais j'avais l'impression que la plupart des gens "bien" aimaient Coldplay. Tous appréciaient la mélancolie de leur chanson et leurs mélodies entêtantes. En gros, on les aimait pour les mêmes raisons qu'on aimait Radiohead (l'ancien pas le nouveau post- Kid A évidemment) et franchement peu de gens avaient des choses à reprocher au groupe de Thom Yorke à cette époque...

Et puis un truc s'est passé. Une convection de plusieurs évènements qui ont rompu le lien sacré entre le groupe et les "branchés" de la musique. Il y a eu d'abord la sur-utilisation de leur musique dans tout ce que compte la télé de séries télé policières, de bandes-annonces et de publicités en tout genre. Forcément, les adeptes des groupes de rock aux dents pourris et aux cheveux sales n'apprécient guère ce genre d'opportunisme commercial qui fait beaucoup de bien au compte en banque. Surtout que les plus grassouillets des programmateurs de la bande FM, en grand amateur de Jack Malone et autres Gil Grissom, sautent sur l'occasion pour les jouer massivement entre les derniers tubes de Madonna et de David Guetta.

Et puis voilà que Chris Martin épouse Gwyneth Paltrow, icône de la blondeur fade avec qui il fonde un foyer tout ce qu'il y a de plus pépère. Chris déclare qu'il ne fume pas, qu'il ne boit pas d'alcool, qu'il pratique le yoga et, hérésie suprême, qu'il adore la pop bubblegum de Kylie Minogue ou des Girls Aloud. Passe encore d'être riche, toutes les rock-stars le sont. Passe encore les beaux sentiments dans les chansons, toutes les rock-stars le font pour plaire aux filles et se taper des groupies après les concerts. Mais impossible de laisser passer un mec qui prend soin de son corps et de son esprit. Une rock-star DOIT se droguer, détruire des chambres d'hôtel après s'être bituré au whisky et à la bière et baiser autant qu'il peut ou, à défaut, montrer un sérieux traumatisme psychologique (voir le sage mais suicidaire Ian Curtis de Joy Division). Transmis de génération en génération, le cahier des charges de la rock-star l'impose ! La légitimité doit obligatoirement passer par là pour faire oublier tout le reste, la mauvaise musique en premier.

Sauf qu'à mon avis, de la mauvaise musique, Coldplay est loin d'en faire. Tout au plus peut-on leur reprocher d'avoir fait le même album à trois reprises (PARACHUTES, A RUSH OF BLOOD + X&Y), de ne pas s'être renouvelé. Je n'ai strictement rien d'un musicien mais j'ai l'impression qu'écrire de belles mélodies pop et arrangements est un exercice qui n'est pas à la portée de tous et, dans le genre, Coldplay le fait mieux que presque n'importe qui. Quant à la voix de Chris Martin, mélange du meilleur de Bono (l'énergie) et de Michael Stipe (la mélancolie), elle est exemplaire, y compris en live semble-t-il. Tous les groupes ne peuvent pas en dire autant.

Alors c'est vrai que Coldplay cumule les 3 pêchés impardonnables aux oreilles du Dieu rock : riche, sain et bien-pensant. Ils pourraient être sains et bien-pensants mais pauvres, ça passerait (voir Vampire Weekend). Il pourraient être riches et bien-pensants mais débauchés, ça passerait également (les Beatles, messieurs dames !). Ils pourraient être riches et sains mais provocateurs, ça passerait également (MGMT). Et au fait, qui a dit qu'il fallait être torturé et parler de choses tristes pour être un vrai artiste ? On a tous nos névroses et nos obsessions et elles n'ont pas forcément besoin d'être sordides pour être exprimées artistiquement, que ce soit en chanson, dans un film ou sur une toile...

De toute façon, qu'est-ce que tout ça a à voir avec la musique ? RIEN. C'est de l'image. Juste de l'image. Je suis bien d'accord que la pop culture n'est rien sans l'image mais elle est aussi faite d'une somme d'expériences individuelles de gens qui, tout d'un coup, embrassent un album, une chanson car ils s'y retrouvent. Et clairement, beaucoup de gens se retrouvent dans les chansons de Coldplay. Pas forcément les cyniques. Pas forcément les blasés. Juste des gens qui ont envie d'entendre des mots justes sur des sentiments simples et vrais sur fond de bonne musique.

Alors traitez-moi de midinette (ce que je suis clairement, il suffit de lire ce blog) mais moi FIX YOU, YELLOW, THE SCIENTIST ou TROUBLE, elles me donnent des frissons ces chansons quand je les écoute et c'est bien la seule chose qui compte pour moi...

Quant à vous, messieurs Paul Rudd, Seth Rogen et Judd Apatow, c'est pas vos répliques débiles qui me feront douter de mon hétérosexualité... ;)

09 septembre 2009

Un grand Boll d'air...

En cette soirée du dimanche 7 août 2009, j'ai vu mon premier film d'Uwe Boll, le réalisateur allemand ultra-controversé spécialiste des adaptations de jeux vidéo au cinéma : on lui doit ALONE IN THE DARK, BLOODRAYNE, HOUSE OF THE DEAD, FAR CRY et tout un tas d'autres séries B réputées médiocres voire quasiment irregardables. Bref, Uwe Boll est détesté, haï, méprisé par tous, des critiques de cinéma révulsés par ses mises en scène soi-disant bâclés aux geeks écoeurés par le traitement bas de gamme appliqué à leur jeux vidéos préférés.

Compte tenu des bandes-annonces glanées sur le net, j'avais bien envie de les croire mais finalement je m'en foutais pas mal de ses films. Jusque là, c'était surtout ses frasques médiatiques, la plupart du temps destinées à "combattre" ses plus fervents détracteurs, qui m'amusaient. Reste que la bande-annonce de POSTAL, réalisé en 2007, m'avait toujours intrigué, notamment parce que c'est réputé être son meilleur film et que c'est son unique comédie (dans une filmo uniquement composée de films d'horreur, d'action et de SF). Le film étant programmé à L'Etrange Festival, je décide de tenter le coup...

Impossible de juger toute une oeuvre mais clairement Uwe Boll est un metteur en scène qui a quelque chose à dire. Grâce à POSTAL, il a ainsi sûrement beaucoup plus d'un "auteur" que la plupart des réalisateurs qui hantent les couloirs des studios hollywoodiens et qui ont, soit disant, du "talent". Certes, Boll n'est pas un auteur comme les autres : il est vulgaire, adepte du trash, fait des blagues sur les nazis, les nains, les gros, les Arabes et tout un tas de choses pas du tout politiquement correct. Mais il le fait à fond, avec une provocation totalement décomplexée, un sens de la dérision jubilatoire et évidemment avec un second voire troisième degré parfaitement revendiqué et affirmé. C'est donc d'une part à mourir de rire, d'autre part extrêmement rafraichissant.

En voyant POSTAL, je me suis donc très sérieusement interrogé sur ce bonhomme tant décrié et malaimé. Car je ne vois finalement pas vraiment la différence entre lui et des réalisateurs bien plus admirés comme John Waters ou le duo Trey/Stone (SOUTH PARK). Tous ont en effet en commun ce nihilisme, ce goût immodéré de la provocation et cette passion pour le trash en tous genres. J'ai même l'impression que Boll, avec sa vision sans compromis de la sous-culture trash, est probablement un des réalisateurs les plus symptomatiques de notre époque.

Que faudrait-il alors pour le faire "accepter", le faire entrer dans la zone des metteurs en scène "culte" ? Une seule réponse à celà : faire plus de films comme POSTAL qui, semble-t-il, reste malheureusement le seul bouton d'or au milieu d'un champ de mauvaises herbes....


06 septembre 2009

Le Top 5 des poupées flippantes

Pourquoi faudrait-il forcément s'appeler Chucky pour foutre la trouille ? Pourquoi faut-il forcément avoir le visage lacéré et la mèche rebelle pour effrayer les petites filles ? Le regard tendre et les bouclettes peuvent être tout autant source de cauchemar... La preuve avec ses cinq poupées à vous donner froid dans le dos...

Surtout ne ratez pas les vidéos jointes !

1. BABY SECRET
Sortie en 1966, cette poupée ne parle pas. Elle chuchote. Elle vous dit ses secrets les plus inavouables au creux de l'oreille. Ah, les secrets. Pas très drôles quand on y pense, surtout si elle vous sort, au milieu de la nuit, qu'il faut tuer vos parents parce qu'ils sont très méchants et qu'ils n'ont pas voulu vous acheter des bonbons à la boulangerie. Définitivement la poupée la plus flippante jamais sortie. Voir la vidéo.

2. LITTLE SPROUT BABY
Sortie en 1982, cette poupée est censée incarner un nouveau-né qui dort. J'y vois plutôt une espèce de mutant tout droit sorti du MONSTRE EST VIVANT de Larry Cohen. Il existait à l'époque, en pleine guerre froide, une légende urbaine selon laquelle ces poupées avait été créées par le Gouvernement pour habituer les gens aux ravages du chaos nucléaire. La légende ne dit pas si ça a marché et si les gens en ont acheté. Voir la vidéo.

3. BABY LAUGH-O-LOT
Sortie en 1970, cette poupée a donc, comme son nom l'indique, la (mauvaise) habitude de rire tout le temps. Je ne sais pas si elle a fait fureur chez les petites filles. Ce qui est sûr, c'est qu'elle a cartonné chez tous les ingénieurs du son de films d'horreur des 70's. La légende ne dit pas si elle était livrée avec un petit flacon d'eau bénite (au cas où, seulement au cas où...). Voir la vidéo.

4. STARLA
Sortie en 1992, la légende dit que c'était la poupée préférée de Britney Spears, qui ne l'aurait pas quitter depuis qu'elle lui a été offerte par sa mère désireuse de faire de sa fille la plus grande star du monde. Le résultat fut au-délà des espérances jusqu'au jour où la poupée chanteuse devint jalouse. Le mariage avec K-Fed, le crâne rasé, la boulimie, tout ça serait, semble-t-il, la poupée qui lui aurait "chantée" à l'oreille avec sa voix de Leprechaun tueur. Voir la vidéo.

5. CABBAGE PATCH SNACKTIME KIDS
Sortie en 1996, cette poupée est dérivée de l'univers CABBAGE PATCH KIDS qui, il faut l'avouer, était déjà bien flippante car, vous ne le saviez peut-être pas, l'obésité en Amérique, c'est elle ! Mais ce modèle, qui mangeait toute seule, allait bien plus loin. Elle pouvait vous manger pour de vrai ! Comme elle n'avait pas d'interrupteur, elle pouvait "mâcher" tout ce que vous lui mettiez dans la bouche - y compris les doigts boudinés ou les longs cheveux d'une petite fille évidemment. Résultat : enlevé des étagères des magasins et donc gros objet collector qui doit valoir maintenant une petite fortune - au moins assez pour rembourser votre greffe de la main ! Voir la vidéo.

02 septembre 2009

La Comédie américaine vs. La France

Ca devient un marronnier dans la presse branchée parisienne et sur les blogs de notre belle patrie : le mauvais traitement infligé par les distributeurs aux comédies américaines lors de leurs sorties salles. A chaque sortie bâclée, à chaque film distribué en catimini, c'est les mêmes articles avec une insulte par ci, une insulte par là.

Comme j'en ai fait la preuve à de multiples reprises sur ce blog, je suis un fervent défenseur de la comédie américaine (et de la nouvelle en particulier) et un des premiers à déplorer le manque d'exposition qu'elle se voit offrir en France. Mais je voudrais aussi essayer d'apaiser les passions et aller au-delà du "c'est quoi ces distributeurs de merde qui ne sont pas capables de reconnaître des chefs d'oeuvre".

Cet été passé sera d'ailleurs un très bon exemple. Ainsi, VERY BAD TRIP (THE HANGOVER), sorti par Warner Bros pour la fête du cinéma sur plus de 250 copies avec une bonne grosse campagne marketing, est un beau succès commercial à plus d'1,5 millions d'entrées. Une bonne raison de croire en l'engouement du public français pour cette nouvelle comédie américaine sans tabou qui fait rire en parlant de branlette de bébés. Une bonne raison de croire également que la sortie de I LOVE YOU MAN par Paramount, un mois plus tard, serait au moins correcte, soit sur au moins 100 copies. Mais non, moins de 30 copies pour la nouvelle comédie du réalisateur de POLLY & MOI qui rejoint donc le rang des comédies américaines sans gloire qui ne franchiront jamais la barre des 10 000 entrées (et encore je suis sympa !).

Une situation qui pourrait paraître absurde mais qui, d'un point de vue purement artistique, s'explique. Les deux films ont beau avoir de nombreux points communs (aucune star "bankable" en France, humour régressif pipi-caca, l'amitié entre hommes comme thème etc.), VERY BAD TRIP et I LOVE YOU MAN ont une différence majeure, à savoir qu'ils n'ont tout simplement pas la même approche comique.


Le premier parle à votre bas-ventre, parle à l'animal qui est en vous, celui qui voudrait baiser, faire la fête, se mettre une taule à longueur d'années. Le film de Todd Philips parle donc un langage universel, celui de votre pénis ou de votre vagin. Rien d'honteux la-dedans. Quand c'est bien fait (comme ici), c'est très salvateur et terriblement efficace. A titre d'exemple, c'était également le langage parlé par les premiers films des frères Farrelly (DUMB & DUMBER, MARY A TOUT PRIX...) qui ont tous bien (voire très bien) marché en France.

Le deuxième, au contraire, parle davantage à votre tête. Evidemment, vous l'aurez compris, ça ne veut pas dire que c'est du Bergman. C'est juste que, contrairement à VERY BAD TRIP, I LOVE YOU MAN tente de dire par la comédie un petit quelque chose sur la société et ses moeurs actuelles (la virilité dans un monde post-féministe, ce genre de choses) - en particulier les moeurs américaines. Tout de suite, c'est moins universel. D'ailleurs, il sera bon de constater qu'un des précédents films de Todd Philips, OLD SCHOOL, abordait justement ce thème et fait partie de ces films ayant connus le sort peu enviable de la sortie mini-riquiqui.

Mais plus généralement, on sait tous très bien que l'humour et la comédie sont difficilement exportables. Aujourd'hui, à l'heure d'Internet, on pourrait croire qu'ils se sont uniformisés, que le monde entier rigole bêtement au mêmes vidéos pourris sur YouTube. Clairement non. Les Français ne rigolent pas aux mêmes blagues que les Américains qui ne rigolent pas aux mêmes blagues que les Français. C'est un fait ! Vous connaissez un équivalent à Mozinor aux USA, vous ? Et on a beau nous faire croire que Thomas Ngijol est le nouveau Eddie Murphy, ce n'est pas du tout le cas. Quant à Will Ferrell, avec ses comédies sportives sur le Nascar ou ses parodies de présentateur télé des 70's, je ne vois pas comment il pourrait s'intégrer à l'humour de la patrie de Stade 2 et de PPDA !

Pourtant, les vannes de Seth Rogen, Adam Sandler, Danny McBride et Will Ferrell vous font rire ! Oui mais elles ne font rire que vous. Elles font rire toujours les mêmes, ceux qui surfent sur Internet plus que la moyenne, ceux qui vont au cinéma plus que la moyenne, ceux qui généralement font preuve d'une plus grande curiosité au quotidien... Et ceux-là, qui savent apprécier les blagues sur la pop culture et reconnaître le second degré d'une blague sur le vomi, ne sont pas si nombreux que ça, en tous les cas, pas assez nombreux pour les distributeurs.


Du point de vue de ce dernier, ces films sont d'ailleurs devenus des casse-tête. Ayant travaillé deux ans à la Fox, je vais ici parler de mon expérience et prendre un exemple qui me semble parlant, celui de DODGEBALL (J'ai participé à l'élaboration de la campagne marketing). Lorsqu'il nous a été présenté, il faut bien avouer que les premières images de mecs qui se prennent des ballons dans la gueule en jouant à la balle au prisonnier n'ont pas fait rire grand monde à la direction. Premier verdict : sortie 10 copies ! Puis il y a eu le succès colossal au box-office américain. Deuxième verdict : OK, sortie normale, on met le paquet. Et voici qu'arrive la sortie française en septembre 2004. Troisième verdict : gros bide, plantage total. Sans pour autant espérer un plébsicite public total, le potentiel était à priori là : une des seules stars comiques américaines bankable en France (Ben Stiller) et un humour bas du ventre (au propre comme au figuré) terriblement efficace. Sauf que... Tout ça ne suffisait pas à combler un second degré totalement incompris par le public Français qui a condamné le film ("la balle au prisonnier, c'est pour les gamins ! C'est stupide", me balancera un étudiant).

Malheureusement, il faut se faire une raison, pour les raisons évoquées au-dessus, c'est le sort qui est réservé à la très grande majorité des comédies américaines sorties décemment en France : Presque tout Judd Apatow (EN CLOQUE, SUPERGRAVE...), tout le Adam Sandler récent, ELFE, MEAN GIRLS et des dizaines d'autres. Dans ce contexte, comment en vouloir à un distributeur américain (Fox, Disney, Universal, Warner, Paramount, Sony). Il reste un business comme les autres, doit payer ses salariés à la fin du mois et doit donc faire des choix. Quand il met le paquet, ça se plante à 80% ! Obligé de sortir au cinéma tous les films par sa maison-mère pour pouvoir les vendre ensuite plus cher aux télés, il opte donc pour ce que l'on appelle dans le jargon "une sortie technique", une sortie sur à peu près 10 écrans qui implique uniquement le département "technique" (d'où son nom) et aucune (ou presque) dépense marketing.

Etant donné que j'habite Paris, je n'ai jamais trop de mal à voir tous ces films mais je peux comprendre la frustration énorme que doivent ressentir ceux d'entre vous qui habitent en province et ne peuvent pas profiter dans les meilleures conditions des chefs d'oeuvre de Will Ferrell (ANCHORMAN, FRANGINS MALGRE EUX, LES ROIS DU PATIN...) et des autres. Mais bon, maintenant, j'espère que la frustration sera un peu plus "rationnelle"...