26 juillet 2011

Les Black Eyed Peas ou le comble du cynisme?

"This show was "very special" as it's the last time we're going to be in England for a long time. We want you to know that we love you and thank you for the support you've given from the beginning. This isn't going to be the last time you'll see us."

C'est avec ces mots que Fergie annonça, début juillet, au public londonien que son groupe, les Black Eyed Peas, allait faire une pause. Will.I.Am, via Twitter, s'empressa de bien préciser que la séparation était momentanée mais ce fut largement assez pour alimenter les rumeurs de séparation, séparation qui ferait probablement exploser la blogosphère et la twittosphère "de bon goût" d'une joie faisant passer le Grand Prix Cannois de Roberto Benigni pour une sévère dépression nerveuse.

C'est un fait : les amateurs d'Arcade Fire n'aiment pas les Black Eyed Peas... et inversement. La vague de haine sur le groupe n'est donc perceptible que d'un seul côté de la barrière de la hype. Le nombre de résultat à la requête Google "hate black eyed peas" est donc très très modeste. Le consensus de la haine comme ça peut être le cas sur Ashton Kutcher est loin d'être une réalité - malgré ce que peut laisser penser certaines timelines Twitter (la mienne y compris).

La réalité, c'est près de 35 millions d'albums vendus en moins de 15 ans et sûrement à peu près autant de singles. Sur une décennie où les majors de la musique se sont nommés Napster puis Kazaa puis Rapidshare, Megaupload ou BitTorrent, c'est un chiffre remarquable. Un chiffre loin des sommets qu'ont pu atteindre entre 1998 et 2011, les champions toutes catégories des charts de la dernière décennie, Britney Spears (75 millions), Madonna (50 millions) ou Eminem (86 millions), mais un chiffre qui s'est construit d'une façon toute particulière.

En effet, alors que toutes les icônes pop citées plus haut se sont toutes bâties sur un premier gros succès, les Black Eyed Peas se sont construits sur l'échec. Madonna a eu son album éponyme vendu à 10 millions d'exemplaires et porté par des singles comme "Holiday", "Lucky Star" ou "Borderline". Britney a eu son "Baby One More Time" vendu à 25 millions d'exemplaires. Eminem a eu son "Slim Shady LP" et ses 14 millions d'exemplaires vendus. En faisant l'inventaire des plus gros vendeurs de ces 15 dernières années, le schéma est toujours à peu près le même. Si vous n'explosez pas les scores du Billboard ou du Top 50 dès vos débuts en majors, vous avez assez peu de chances de "faire carrière" un jour dans l'impitoyable monde de la pop music. Ca ne vous empêchera pas d'avoir des hauts et des bas ou même de disparaître complètement des radars après quelques années dans le biz mais ça vous donne les fondations nécessaires pour durer. Les carrières "dans la durée" en pop music, c'est pas vraiment ça.

C'est pourtant le cas des Black Eyed Peas.

"Behind The Front" sort en 1998 et est le premier album de Will.I.Am et de ses compères. Le son est très inspiré du mythique A Tribe Called Quest. Le label Interscope est prestigieux et a déjà signé des grosses pointures du Hip Hop américain (de Snoop Dogg à Jurassic 5 en passant par 2Pac ou Rakim). Les paroles sont dans la veine "consciente" et "positive" du Hip Hop moderne. On y entend des choses comme "Nowadays it's hard to make a living/But easy to make a killing/Cuz people walk around with just one inch of feeling/I feeling nauseated from your evil drug dealing/Blood spilling, the definition of top billing." Les Black Eyed Peas sont clairement un groupe qui peut passer sur les ondes. Le son est funky et les seules personnes pouvant se sentir offusquées sont les rappeurs hardcore et gangsta. En plus, la critique est élogieuse. Mais les ventes ne suivent pas. Le seul clip réalisé pour l'album n'est jamais diffusé et le groupe ne séduit qu'un petit groupe d'experts et curieux. Echec.

Sorti deux ans plus tard, "Bridging The Gap", conçu sur une même veine, ne fait guère mieux, malgré les nombreux invités venus portés renfort (DJ Premier, Macy Gray, De La Soul, Wyclef...). Quelques singles ("Request Line", "Weekends") franchissent les barrières des charts rap américains mais rien de transcendant pour le groupe qui reste cantonné à un de ces multiples groupes Hip Hop sans vraie reconnaissance du grand public.

Puis vint "Elephunk", trois ans plus tard. Tout avait changé. Kim Hill, vocaliste féminine et auteur de quelques uns des meilleurs titres du groupe, avait quitté le navire pendant l'enregistrement de "Bridging The Gap", sûrement excédée d'oeuvrer dans l'ombre du groupe depuis leur tout début. Elle fut rapidement remplacée par Fergie. Difficile de mesurer l'influence qu'elle a eu sur le groupe. Reste que ce troisième album ne relève plus de l'album de Hip Hop mais bien de l'album pop. Rien de mal à ça, au contraire. Mais Entertainment Weekly, dans sa critique, résume très bien les choses, écrivant à l'époque : "They try dancehall (Hey Mama), salsa (Latin Girls), even nu-metal (Anxiety with Papa Roach), but the biggest offense for a once smart-sounding rap collective is "Where Is the Love?", the horrifyingly trite single. It's enough to make longtime fans wonder, Where are the Peas?" Le groupe a franchi la barrière qui sépare le "conscient" du "neuneu". Mais les ventes suivent. Elles explosent même : 8 millions de copies écoulées dans le monde.

Quatre singles plus tard, ils embrayent directement sur "Monkey Business" qui met Fergie encore plus en avant et pousses les vices de "Elephunk" encore plus loin. Après avoir fustigé les attitudes hypocrites des rappeurs bling bling dans leurs deux premiers albums, les BEP sortent ce qui est à ce jour leur chanson la plus parodiée et moquée - pour de bonnes raisons - "My Humps" : matérialisme éhonté (six marques - la plupart de luxe - cités dès le premier couplet), couplet qui fait rimer "sexy" avec "sex me" et un autre qui dit “Mix your milk with my cocoa puff/ Milky, milky right.” Les Grammy Awards ont beau avoir donné l'album de l'année à Arcade Fire cette année, ils l'ont aussi donné à cette chanson. Meilleure chanson pop en 2005. Si même Alanis Morissette s'est sentie obligée d'en sortir une parodie, c'est que forcément quelque chose ne tournait pas rond là-dedans.

Car sur ce même album, on trouve aussi "Pump It". Sur le site de la maison de disques, on pouvait alors lire ceci : "I was in Brazil doing some CD. I came across this compilation and I thought it was one thing but it turned out to be something else. The Dick Dale song Miserlou was on it. At first, I was angry this isn't what I wanted to buy. But then, really, that song is hot. I said, 'We should do a song like this.' I jump-started the computer and made some beats on the train. Then we had to fly to Tokyo and I tightened up the beat on the plane. Then I recorded vocals in this park in Tokyo, and that's how we recorded the song 'Pump It'." Loin de moi l'idée de faire du sarcasme mal placé mais Will.I.Am serait-il donc le seul occidental à n'avoir pas écouté, au moins une fois dans sa vie, la bande originale de PULP FICTION ? Mais l'honneur est sauf : "Monkey Business" fait mieux que le précédent et se vend à 10 millions d'exemplaires dans le monde !

Reste un pur album de pop music, séduisant par bien des aspects : fun, décomplexé et parfait pour les night-clubs et la radio...Mais aussi pour les pubs, les bandes-annonces, les bar-mitzvah, les congrès politiques etc...

S'écoulèrent alors 4 ans. Tout avait, à nouveau, changé. Fini le Hip Hop conscient. Fini le pop-R&B. Bienvenue à la dance music. Entertainment Weekly écrivit à propos de "The End" que c'était du "pure Top 40 nirvana". A raison. Avec des singles comme "I Got A Feeling" ou "Boom Boom Pow", les Black Eyed Peas sont devenus l'emblème mondiale de ce que l'on appelle communément la musique "mainstream". Et pour paraphraser un médecin unanimement médiatique dans les années 90, "ce n'est pas sale". Mais le "mainstream" a aussi son côté obscur et cela se matérialise sous la forme de paroles comme "Fast internet. Stay connected in a jet. Wi-fi, podcast. Blasting out an SMS. Text me and I text you back. Check me on the iChat. I’m all about that h t t p . You’re a PC I’m a Mac. I want it.. Myspace in your space. Facebook is a new place. Dip divin’ socializin’. I’ll be out in cyber space. Google is my professor. Wikipedia checker. Checkin my account. Loggin in and loggin out" Pour le commentaire social, on repassera. Mais peu importe, ça vous a sûrement fait oublier vos soucis quotidiens en vous donnant "la sensation de passer une bonne soirée". Le monde doit avoir de sacrés soucis car le groupe a vendu plus de 11 millions de copies de "The End". Encore mieux que les deux précédents !

Vous avez sûrement fait le graphique des ventes dans votre tête. En 15 ans, les ventes des Black Eyed Peas n'ont cessés d'augmenter - ce qui est loin d'être une mauvaise chose. Personne ne peut reprocher à un artiste - quel qu'il soit - de vendre des chansons. Vendre ses albums par millions ne devrait jamais être un argument pour dénigrer un artiste. Mais que penser des Black Eyed Peas ?

On se fait toujours une idée un peu romantique des artistes - même quand ils vendent leurs titres par semi-remorques entier dans des hyper-marchés. On les imagine créer pour la beauté de l'Art. C'est de cette façon que les Black Eyed Peas apparaissaient à leur début, à la fin des années 90. Qu'on leur reconnaisse du talent ou pas, ils donnaient l'impression d'avoir des choses à dire et avaient une façon bien à eux de la dire. Le propre d'un "artiste".

Mais depuis 2003, chaque single, chaque album, chaque concert résonne comme une démarche purement froide et commerciale. Tout résonne comme une réflexion marketing, s'amplifiant au grès de années et au grès du succès. Combien ont-ils touchés pour ces 10 secondes de pure publicité pour HP au début du clip de "Boom Boom Pow" ? Combien cette marque de montres fantaisie a-t-elle du déboursée pour apparaître en long et en large dans le clip de "The Time (Dirty Bit)" ? Et je ne parle pas ici d'un boys band pré-pubère ou d'une bitchy pop blonde créé de zéro par des producteurs sans foi ni loi pour qui seul le cash récolté compte. Je parle d'un groupe qui faisait de la musique dans son garage avant de se voir ouvrir les portes des majors. Depuis "Elephunk", tout semble calculé : ce passage soudain à un son pop-R&B dénué de tout autre message que celui du fun et de la rigolade puis à ce son dance sans imagination qui semble produit à la chaîne comme à l'époque fameuse de l'eurodance des années 90.

Quand vous jetez un oeil aux interviews du groupe et en particulier de Will.I.Am, vous lisez des choses comme "je voulais revenir aux bases du Hip Hop" (peace, love & having fun, n'est-ce pas...), vous lisez de multiples références au futur et à l'innovation. Pour citer Fergie : "I'm so 3008. You so 2000 and late. I got that boom, boom, boom". A force de le répéter à corps et à cris dans les interviews, dans leurs morceaux et dans leurs clips, cette image futuriste et innovante a fini par rentrer dans l'inconscient collectif : les Black Eyed Peas sont des innovateurs, ils transforment la musique, ils expérimentent, repoussent les barrières. Voyez la vague qui a suivi le succès phénoménal de "I Got A Feeling". Toute la scène R&B américaine y a vu le "futur de leur style musical", ignorant par la même occasion qu'ils ne faisaient que répéter un style vieux de 20 ans qui avait juste eu le tort de ne pas dépasser les frontières de l'Europe.

En d'autres temps, d'autres gens comme Outkast, les Neptunes ou Timbaland ont été appelés des innovateurs. Eux aussi, toute la scène R&B américaine se disputait leurs productions. Eux aussi, leur musique était calibrée pour les dancefloors. Pourtant, au sommet de leur gloire, personne ne leur a jamais reproché de faire "comme machin" ou "à la manière de bidule". On disait percevoir des éléments de house music dans les sons de Timbaland par exemple. Mais tout semblait réellement nouveau. Même avec la pression de devoir écouler des millions de copies de leurs artistes, ils tentaient toujours de nouvelles choses sans (presque) jamais singer des styles venus d'ailleurs. L'enjeu commercial était bel et bien là mais la musique semblait primer avant tout, le degré expérimental de certaines productions atteignant parfois (souvent), au moment de leur sortie, des sommets assez hallucinants.

Alors, loin de moi l'idée de faire celui qui se complait dans le "c'était mieux avant" : des gens comme Kanye West, Diplo ou Kno (des Cunninlynguists) continuent d'innover, de trouver des sons, des formes d'expression nouvelles pour le Hip Hop en particulier et la musique en général. Mais les Black Eyed Peas, malgré ce qu'ils aimeraient faire passer comme message, ne semblent pas dans cette démarche. Leur quinze ans de carrière donne cette impression bizarre qu'ils se sont un jour retrouvés, fatigués d'essuyer des échecs commerciaux, pour orchestrer leur transformation et manigancer leur prise de pouvoir sur les charts mondiaux. C'est évidemment impossible à vérifier. Mais malgré tout le bonheur qu'ils semblent donner aux gens sur la piste de danse et ailleurs, les Black Eyed Peas m'apparaissent souvent comme le comble du cynisme dans la musique moderne. Et ça, c'est très triste...


20 juillet 2011

Made in 80's #18 : Block Party

Barbara Crane a 52 ans quand elle commence sa série "Private Views" en 1980. Le principe : se fondre dans la foule des festivals d'été à Chicago et capturer au plus près, avec un appareil Polaroïd, la mode, le style de l'époque mais surtout les gestes, ces gestes parfois sensuels, parfois violents, ces gestes dont certains ne paraîtraient pas si étranges s'ils avaient été capturés ailleurs qu'au beau milieu d'une foule dense de plusieurs centaines de personnes.

Près de 30 ans plus tard, ces Polaroïd vous plongent dans ce monde que vous n'avez, pour la plupart, jamais vécu. Et pourtant, vous avez la sensation que si... Vous y étiez, là, à ce festival, pendant l'été 1982, entre ce moustachu poilu à chemise à carreaux et cette belle rousse aux yeux bleus et son T-shirt aux couleurs de la bannière étoilée. En regardant ces photos, vous avez la sensation d'y être, au plus près des corps, en plein intimité. Vous sentez la sueur, l'excitation, la fatigue et vous sentez les années 80 qui bouillonnent...

Voici un petit échantillon de la beaucoup plus large collection visible en intégralité sur le site de la photographe...




17 juillet 2011

Women

Première mise en situation : je suis un garçon hétérosexuel de 32 ans qui se retrouve à prendre un verre avec deux filles qui parlent de cosmétique, de blogueuses mode et de Buffy Contre les Vampires. Deuxième mise en situation : je suis un garçon hétérosexuel de 32 ans qui se retrouve à prendre un verre avec deux garçons qui parle de Michael Bay, de football et de la dernière playmate à gros seins à avoir fait grâce de sa présence à la couverture de FHM. J'avoue : je caricature - légèrement. J'ai plus ou moins vécu les deux situations. Mais laquelle je préfère ? La réponse sera aussi transparente que le script d'une comédie romantique avec Sandra Bullock : la première.

J'ai un vrai problème quand il s'agit de sociabiliser avec des congénères du sexe masculin. A moins de se trouver de vrais goûts et hobbys communs, je ne sais pas leur parler. J'ai du mal à m'intéresser. Un mec, c'est basique, rarement capable de sincérité et de sensibilité. Je le sais bien, je fais moi-même parti de l'espèce. Au contraire, les filles, ça s'exprime, ça se livre (plus ou moins), ça vit de l'intérieur et ça le montre à l'extérieur. Encore une fois, désolé de la caricature mais avouez qu'il y a une bonne part de vérité. Un petit tour sur Twitter et sur la blogosphère et il est assez simple de s'en rendre compte. Résultat : une soirée entre potes autour d'un match de foot à la télé et d'une pizza ressemble pour moi à quelque chose proche de ce que j'imagine être l'enfer alors qu'une après-midi shopping avec des filles ressemble, à défaut du paradis, à une des choses les plus intéressantes et fascinantes que je connaisse. C'est bizarre ? Peut-être. Je suis comme ça et j'aime être comme ça. Je n'ai pas l'impression d'être moins hétérosexuel ou moins viril. Question de sensibilité ou même de curiosité.

Sans aucun sous-entendu sexuel de quelque sorte, je préfère la présence des filles. C'est le plus souvent avec elles que j'ai envie de discuter, d'échanger. Quant aux confidences, je n'ai pas le choix : je n'arrive à confier les tréfonds de mon coeur et de mon âme qu'à des filles (BFF est une fille!). Et elles me le rendent bien, dans tous les domaines : de l'Amour au cul, en passant par l'amitié, le boulot et toutes les autres petites et grandes choses qui font la vie. J'aime écouter. J'aime écouter les anecdotes, les peines, les doutes, les joies... Je ne sais pas si je suis d'un grand réconfort. Ce n'est pas à moi de le dire. Mais j'écoute. Et j'apprends. J'apprends des choses qui, forcément, me rendent meilleurs. C'est comme un voyage : apprendre sur l'autre, l'étranger, sa manière de penser, d'agir. Ca permet de se remettre en question, de devenir quelqu'un de meilleur par l'expérience d'autrui, d'élargir ces champs de visions.

Ce sont toutes ces histoires, anecdotes, expériences, bonnes ou mauvaises qui m'ont poussé, il y a quelques années, à commencer à écrire des scénarios. Ça et le fait d'être tombé amoureux de l'auteur de quelques unes d'entre elles. Et il paraît que ça se voit. Quand vient le temps d'affronter les avis de lecteurs, c'est en effet ce que tout le monde me dit. Mon personnage principal a beau toujours être un garçon, ce sont les personnages féminins principaux que tout le monde retient en premier. Et ceci n'est que le cas où le lecteur arrive à comprendre le but intrinsèque du truc quand toutes mes lectrices saisissent immédiatement où je voulais en venir. Visiblement, mes personnages féminins accrochent avec les filles. Pourtant, je n'ai pas l'impression d'être particulièrement tendre. A défaut d'écrire telles quelles les histoires entendues, je tente de retranscrire au plus près des sentiments bien réels. Je parle ainsi de filles qui sont parfois lâches, jalouses, très peu sûres d'elles, des filles timides, débauchées, amoureuses ou cyniques, la plupart du temps, tout à la fois.

Je lis régulièrement que Quentin Tarantino est un des réalisateurs les plus féministes du monde et l'argument principal y est le très classique "il écrit des rôles de femmes fortes" – à priori l'inverse de moi. Jackie Brown, The Bride, les filles de DEATH PROOF sont effectivement des sacrées dures à cuire. Forcément, c'est valorisant de se voir représenter comme des filles qui ne se laissent pas faire et savent rendre la monnaie de leur pièce aux violeurs, meurtriers, psychopathes et autres machos qui considèreront toujours les femmes comme rien d'autres que des vagins à fourrer. Dans le domaine, on part de loin et il est salutaire que ces personnages existent. La liste est facile à faire. Elle est disponible sur à peu près tous les sites et magazines de peu d'imagination qui ressortent à intervalle régulier leur top 10 des "ass-kicking women" : Lara Croft, Foxy Brown, Alice (RESIDENT EVIL), Ellen Ripley (ALIEN), Sarah Connor (TERMINATOR 2), Kate (LOST), Trinity (MATRIX) et j'en passe. Le 27 juillet prochain, c'est COLOMBIANA qui viendra peut-être s'ajouter à la liste.

Mais de tels personnages sont-ils censés dire aux filles qu'elles sont fortes ou sont-ils juste censés faire bander les mecs ? Car qu'est-ce qui est le plus important dans ces films : que l'héroïne soit capable, comme n'importe quel alpha-Mâles aux abdos et biceps saillants avant elles, de botter le cul d'une armée de mercenaires armés jusqu'au dent ou qu'elle le fasse en combinaison moulante pour offrir la meilleure expérience possible de matage de cul-cul au moment où elle levera la jambe pour faire des high-kick ? C'est une question et je ne suis pas sûr d'en avoir la réponse – tout est sûrement une question à étudier au cas par cas.

Reste qu'elles ont toutes été créées et écrites par des hommes et le fait qu'elles soient des femmes semble, la plupart du temps, relevé de l'artifice total. Toutes pourraient en effet être remplacés par des hommes sans que le film en souffre. La seule chose qui les différencie réellement, c'est un conflit intérieur lié à leur instinct maternel (Ellen Ripley, Kate de LOST, The Bride, Sarah Connor). Bonjour les clichés ! Schwarzenegger dans COMMANDO ne cherchait-il pas lui aussi à sauver sa fille ? Tout ça relève en fait d'une belle hypocrisie. Les filles d'aujourd'hui veulent être montrées comme des êtres humains forts et indépendants alors c'est ce que Hollywood leur offre. Voyez le récent SALT avec Angelina Jolie, archétype du genre qui n'a cessé de jouer ce rôle de "femme d'action" depuis dix ans. A l'origine, dans le premier scénario, son personnage était un homme...

Dans le registre, tout est interchangeable.

Ce n'est pas le cas quand une femme est aux manettes. Un problème toutefois : c'est rare. On en revient à la "femme forte et indépendante". Mais quand Callie Khouri, Tina Fey, Diablo Cody et les autres membres du "Fempire " (Liz Merriweather, Dana Fox, Lorene Scafaria) se mettent à écrire sur des femmes, elles laissent volontiers le modèle de la "femme forte", comme décrite plus haut, aux hommes. Le modèle "je casse la tête à des narcos machistes et des rednecks violeurs mais j'ai laissé ma tête à l'armurerie", ce n'est pas trop pour elles, laissant ça à Luc Besson et à Angelina Jolie. Ce qui les intéressent, ce n'est pas d'écrire des femmes fortes, c'est d'écrire des femmes comme les autres et, pour ça, aussi choquant que cela puisse paraître au premier abord, elles ont besoin d'insister sur leurs faiblesses.

Qui est un meilleur modèle ? The Bride qui casse la gueule à des tueurs professionnels ou Liz Lemon qui passe pour une inadaptée sociale à regarder obsessionnellement STAR WARS en bouffant de la junk-food tout en en ayant une dizaine d'hommes à son service au bureau ? Sarah Connor qui protège son fils au péril de sa vie ou Juno qui abandonne son enfant à naître à quelqu'un qui le souhaite vraiment ?

Dans une récente interview à la radio, le réalisateur de BRIDESMAIDS (MES MEILLEURES AMIES en VF), Paul Feig, disait de son héroïne qu'elle était un "strong women character". L'intervieweur remarqua alors que Annie, le personnage principal du film, lui semblait loin d'une "femme forte" - à raison, le personnage ayant un sacré bordel dans la tête - ce à quoi Feig répondit qu'il s'était assuré de la montrer dans sa "précédente vie" comme une solide chef d'entreprise. Argument bizarre. Elle est "forte" parce que, dans le temps, elle avait une pâtisserie à elle toute seule ?

C'est typique : le réalisateur s'est emmêlé les pédales dans son interview à cause d'une fausse perception de ce à quoi doit ressembler une "femme forte". Il a dit (à la radio) qu'elle était "forte" parce qu'elle avait réussi dans la vie mais a sûrement pensé (dans sa tête) qu'elle était "forte" parce qu'elle était simplement réelle, en 3 dimensions, complexe, pleine de défauts et de contradictions. Elle blesse quelqu'un parce qu'elle est elle-même blessée; elle est jalouse de sa meilleure amie et de la nouvelle meilleure amie de sa meilleure amie; elle s'embarque, en toute conscience, dans une relation avec un homme qui la traite comme de la merde; elle est obligée de vivre avec des colocs psychopathes qui la traite, eux-aussi, comme une moins que rien. Annie, incarnée et écrite par Kirsten Wiig, n'est pas "forte". J'irais même jusqu'à dire qu'elle est "faible" et c'est clairement ce qui fait qu'on s'identifie à elle – filles comme garçons. Avec ses 160 millions de dollars de recettes au box-office américain, il est fort à parier que beaucoup de gens se sont identifiés à Annie. Je doute que tous ces gens se soient déplacés juste pour voir une fille faire caca dans la rue - même si ça compte, ne soyons pas niais.

Annie est comme Liz Lemon, comme Charmaine (dans UNITED STATES OF TARA), comme Natalie Portman (dans NO STRINGS ATTACHED), comme Juno MacGuff, comme Carrie Bradshaw et comme Beth (dans LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARCH), des personnages plein de failles, de contradictions, d'incertitudes qui rappellent aux filles qu'elles ne sont pas seules et aux garçons qu'une femme est autre chose qu'une maman et/ou une putain.

Quand je prends un verre avec deux filles qui parlent de cosmétique, de blogueuses mode et de Buffy Contre les Vampires, c'est à elles que je pense. Quand j'écris les personnages féminins de mes scénarios, c'est à elles que je pense. Car la féminité ne me semble pas affaire de force, de gros bras, de high kick, de combinaisons moulantes, de maternité et de sexe. Elle me semble juste affaire de sentiments et de leur expression. Jusqu'à mes 27 ans, j'étais incapable d'exprimer quoi que ce soit. Je gardais tout pour moi. Avec la rencontre successive avec deux filles qui sont devenues (presque instantanément) mes meilleures amies, tout a changé. J'ai parlé. On m'a écouté. J'ai écouté et j'ai ouvert ce blog (qui fêtera ses 5 ans dans 3 moins jour pour jour). J'ai depuis compris que mes faiblesses, mes doutes, mes peurs faisaient parti de moi et étaient, au final, ma plus grande force. C'est cette féminité que j'ai envie de continuer à découvrir, celle que j'ai envie de retranscrire.

Annie ne pourrait pas être remplacée par un homme. Le film n'existerait pas. Et bien, mes amies ne pourraient pas non plus être remplacés par des hommes parce qu'alors ma vie actuelle n'existerait pas non plus...


07 juillet 2011

Le Top 10 des meilleurs films Fox Searchlight

C'était l'histoire de trois frères se réunissant pour un week-end dans la maison familiale de Long Island. C'était l'histoire des FRERES McMULLEN. Tourné pour moins de 25 000 dollars (!) avec des acteurs bénévoles dans la maison des parents du réalisateur qui ont, par ailleurs, fourni la moitié du budget, LES FRERES McMULLEN, le premier film de l'acteur Edward Burns, sortait le 5 août 1995 aux Etats-Unis, auréolé du Grand Prix du Jury du Festival de Sundance. Un grand jour pour son réalisateur et un grand jour pour une toute jeune société : Fox Searchlight.

Crée quelques mois plus tôt par le studio 20th Century Fox désireux de distribuer des films étrangers et/ou indépendants, Fox Searchlight distribuait donc son tout premier film avec LES FRERES McMULLEN. Et elle en fit un succès : plus de 10 millions de dollars de recettes sur le seul sol américain. Moderne. Facile à résumer. Générationnel. A la fois drôle et poignant. Proche des gens. Le film d'Edward Burns résume parfaitement une "ligne éditoriale" qui fera le succès et la particularité de la société.

Car 15 ans plus tard, Fox Searchlight fait office de survivant dans un secteur indé à l'agonie depuis les fermetures successives de ses principaux concurrents Warner Independent Studios, Paramount Vantage, Picturehouse, Miramax ou ThinkFilm. Mais 120 films plus tard, la société est toujours là. Au top. Voyez juste son palmarès aux derniers Oscars grâce à 127 HOURS et BLACK SWAN.

Voici donc un Top 10 des meilleurs films distribués (et souvent produits) par Fox Searchlight. Notez, à toute fin utile, que je prends en compte ici les films distribués par FS aux Etats-Unis...

1. JUNO (5 décembre 2007)
J'ai rarement aimé autant un personnage de toute ma vie cinématographique. C'est une sensation assez étrange : j'aimerais à la fois être elle (comme elle mais en mec, si vous voyez ce que je veux dire...) et être amoureux d'elle. Juno, cette ado tombée enceinte par hasard après avoir perdue sa virginité par hasard, a la répartie brillante, une passion infinie pour la pop culture, la musique, le cinéma et tout plein d'autres choses. Alors qui d'autres pour ce film n°1 ? Car si ce petit bout de fille est un chef d'oeuvre à elle toute seule, le film dont elle est l'héroïne l'est tout autant. Merci Jason Reitman. Merci Ellen Page. Merci Diablo Cody.

2. IN AMERICA (26 novembre 2003)
J'ai une passion infinie pour les films sur l'enfance. Pas les films pour les enfants, les films sur l'enfance. Sur ce que c'est d'être un enfant. Un enfant face au monde, à son cynisme. Un enfant face aux adultes, leurs peurs, leurs névroses. Un enfant face à sa condition d'enfant aussi. Il y a tout cela dans IN AMERICA, à mon goût le meilleur film de Jim Sheridan, dont l'histoire est plus ou moins autobiographique. Et probablement aussi une des plus belles interprétations d'enfants de l'histoire du cinéma. Et ouais. J'ai pleuré les trois fois où je l'ai vu au cinéma.

3. GARDEN STATE (28 juillet 2004)
J'ai lu à de nombreux endroits sur Internet que le premier film de Zach Braff avait beaucoup vieilli. Je l'ai revu plusieurs fois depuis le cinéma et, franchement, je ne sais pas d'où ça sort. Ou peut-être si, je sais. Parce que GARDEN STATE est un film générationnel, un film qui parle tout particulièrement aux gens qui ont aux alentours de 25 ans, qui quittent les études pour travailler, qui n'arrivent pas à se situer face à leurs anciens et nouveaux amis et surtout face à l'Amour, à l'engagement et toutes ces choses qui ont tendance à vous rendre pas mal mélancolique. Car le film ne parle que de ça, de mélancolie. Devenir un vrai adulte ? Rester un ado ? Un peu des deux ? Alors peut-être qu'une fois ces choix faits, GARDEN STATE ne fait plus le même effet. Peut-être. Moi, il me fait toujours le même effet. Mais peut-être est-ce parce que, moi, je n'ai toujours pas fait ces choix, cinq ans plus tard.

4. MILLIONS (11 mars 2005)
Je risque de me répéter par rapport à ce que j'ai écrit un peu plus haut au numéro 2 de ce top. Car en effet, MILLIONS traite (un peu) des mêmes sujets que IN AMERICA. Le film de Danny Boyle, probablement son film le plus sous-estimé, mal aimé et méconnu (en tous les cas chez nous en France), parle de l'enfance. Il parle avec une douceur, une sensibilité et aussi une drôlerie rare d'être un enfant face à un monde fou, cynique et dur. MILLIONS est un conte plein de fantaisie et de noirceur sur le besoin vital de rêver. Qu'on soit un enfant ou non.

5. LITTLE MISS SUNSHINE (26 juillet 2006)
Rares sont les gens à ne pas avoir succombé au charme instantané de la petite miss lookée comme une héroïne de Wes Anderson. Car évidemment rares sont les gens à ne pas s'être senti, à un moment ou à un autre de leur vie, des outsiders, des gens bizarre, différents ou hors normes. Cette façon douce-amère, pleine de mélancolie et d'éclat de rire va imprimer pour plusieurs années la ligne éditoriale de Fox Searchlight qui peut aussi se vanter d'avoir mené une des campagnes marketing les plus innovantes et osés de la décennie 2000 (l'affiche jaune !)

6. BLACK SWAN (17 décembre 2010)
Bien sûr qu'il y a Natalie Portman. Sa performance. Sa beauté. Sa fragilité. C'est évident. Est-ce que ça suffit ? Sûrement pas. Il y a la mise en scène hallucinée de Darren Aronofsky et les charismes magnétiques de Vincent Cassel et Mila Kunis. Devant BLACK SWAN, mon coeur battait. Il battait fort parce que le film est fascinant, juste ça. J'étais sorti à quatre pattes de THE FOUNTAIN et de REQUIEM FOR A DREAM, ravagé par la puissance des images, des sons et des mots. Darren Aronofsky aura décidément ma peau...

7. THANK YOU FOR SMOKING (17 mars 2006)
Difficile de ne pas voir, dès ce premier film, les débuts extrêmement prometteur d'un auteur fascinant et passionnant, oeil affûté de la société américaine. Avant JUNO et UP IN THE AIR, Jason Reitman posait son regard à la fois cynique et tendre sur l'industrie du tabac. Loin de la morale politiquement correct, il épargne personne, les pros comme les contres et fait de THANK YOU FOR SMOKING, grâce à ses dialogues au couteau, un film absolument jouissif. Fumeur ou non, impossible de ne pas rire jaune...

8. 28 JOURS PLUS TARD (27 juin 2003)
Un des très rares films d'horreur du label, le film de zombie post-moderne (ils courent!) marque le retour de Danny Boyle sur le devant de la scène, plus de deux ans après les flops successifs de LA PLAGE et UNE VIE MOINS ORDINAIRE. Fini le style 90's sous acide, bienvenue à la mélancolie viscérale qui fera son énorme succès critique et commercial dix ans plus tard. Tellement viscéral que j'ai trouvé le happy-end, pour une fois, des plus salutaire. Sans ça, j'aurais sûrement vomi mes tripes pendant le générique de fin.

9. ONCE (16 mai 2007)
Comment faire une comédie musicale sans budgets et sans diva qui hurlent ? En faisant comme John Carney : en filmant au plus près deux chanteurs folk sans le sous mais aux mélodies puissantes et à la sensibilité poignante. Cette rencontre entre un musicien des rues et une jeune immigrante est bouleversant de la première note à la dernière. C'est doux, triste et tendre, amer et subtil. Sûrement un des meilleurs films sur la musique et ses vertus. Des frissons m'ont parcouru le corps sur les 85 minutes que dure ONCE.

10. ONE HOUR PHOTO (21 août 2002)
Quand sort le premier film de Mark Romanek, un des clippeurs les plus talentueux du monde (99 Problems, Hurt...), Robin Williams est au creux de la vague, malgré son Oscar, cinq ans plus tôt pour WILL HUNTING. Il se réinvente alors en "méchant" dans ce thriller sur un employé de laboratoire photo obsédé par une famille apparemment parfaite. D'apparence classique, ONE HOUR PHOTO se révèle au final être un douloureux film sur la solitude.

Bonus. 500 DAYS OF SUMMER (17 juillet 2009)
Je pense que je donne beaucoup l'impression d'adorer ce film, que c'est le film de ma vie, que je le regarde cinquante fois par jour, que je me gargarise de Summer/Zooey Deschanel à longueur d'années. J'avoue que je n'ai rien fait pour faire croire le contraire. Ce n'est pourtant pas tout à fait exact. Je ne l'ai même pas en DVD et j'ai même été un peu déçu la première fois que je l'ai vu. Juste qu'il y a énormément de choses qui me parle (ses dialogues, son thème, ses situations...) mais il y en a tellement d'autres choses qui me gêne (sa narration alambiquée etc.). Reste que le film est dans mon coeur parce que je privilégie toujours le coeur au cerveau quand je franchis le seuil d'une salle de cinéma. Toujours.


Et en vrac, pour les éventuels curieux, onze autres films distribués par Fox Searchlight qui valent (presque) autant de cacahuètes que les dix précédemment cités : WAITRESS (hymne féministe avec Keri "premier amour de ma vie" Russell), SUNSHINE (science-fiction viscérale, mélancolique et poétique par Danny Boyle, à nouveau), SIDEWAYS (road-movie drolatique par Alexander Payne, un des meilleurs auteurs américains), LA COLLINE A DES YEUX (rare remake réussi d'un film d'horreur qui, de toute façon, avait trop vieilli), GARAGE DAYS (hymne déjanté et totalement méconnu aux losers du rock, par Alex Proyas), NAPOLEON DYNAMITE (teen movie azymuté à la lenteur jouissive), BOYS DON'T CRY (une intensité dramatique à vous enlever tous mots de la bouche pour quelques jours), THE ICE STORM, THE WRESTLER (Des émotions à fleur de peau et Mickey Rourke en catcheur magnifique), KISSING JESSICA STEIN (comédie romantique new-yorkaise et "quasi-lesbienne" d'une drôlerie et d'une tendresse magique), NEVER LET ME GO (la science-fiction à visage humain et bouleversante par Mark Romanek, à nouveau)


04 juillet 2011

Summer Jam

A l'aise sur votre terrasse du côté de Bourg La Reine, vous aimez vous imaginer à un barbecue du côté Watts comme dans un clip old school de Snoop Doggy Dogg ? Au volant de votre Clio sur l'Autoroute du Sud, vous aimez vous imaginer au volant d'une cadillac low rider décapotable du côté d'Atlanta comme dans un bon vieux clip old school de Outkast ? Cette playlist Spotify est faite pour vous. Au menu, de la soul vintage, du R&B syrupeux et du Hip Hop qui tâche à la sauce barbecue... Vos oreilles vont sentir bon tout l'été !

Mary Jane Girls - All Night Long
Ja Rule & Ashanti - Always On Time
Ludacris & Nate Dogg - Area Codes
Nappy Roots - Awnaw
Juvenile - Back That Azz Up
William DeVaughn - Be Thankful For What You've Got
Snoop Dogg - Beautiful
The Emotions - Best Of My Love
Lil Kim - Big Momma Thang
The Notorious BIG - Big Poppa
A Tribe Called Quest - Bonita Applebum
R Kelly - Bump N Grind
Camp Lo - Coolie High
Lupe Fiasco & Jill Scott - Daydreamin'
Amanda Blank - DJ
Roy Ayers Ubiquity - Everybody Loves The Sunshine
Coolio - Fantastic Voyage
Mariah Carey & ODB - Fantasy (Remix)
Naughty By Nature - Feel Me Flow
Craig Mack - Flava In Ya Ear
Kool & The Gang - Fresh
Da Brat - Funkdafied
Tone-Loc - Funky Cold Medina
Nice & Smooth - Funky For You
Foxy Brown & Blackstreet - Get Me Home
Junior MAFIA - Get Money (Remix)
Too Short - Gettin It
Jay-Z - Girls Girls Girls
Kanye West - Gold Digger
Eve & Drag'On - Got What You Need
Zhané - Hey Mr DJ
Pete Rock & CL Smooth - I Got A Love
Master P - I Got The Hook Up
Shanice - I Love Your Smile
Funkadelic - I'll Stay
Jennifer Lopez & Ja Rule - I'm Real (Remix)
Will.I.Am - Impatient
Ice Cube - It Was A Good Day
MTume - Juicy Fruit
Keath Sweat - Just A Touch
Major Lazer - Keep It Goin' Louder
Shannon - Let The Music Play
LL Cool J & Total - Loungin' (Remix)
Kid Cudi, Common & Kanye West - Make Her Say
Sleepy Brown - Me, My Baby & My Cadillac
2 Live Crew - Me So Horny
Kelis - Milkshake
EPMD - Never Seen Before (Remix)
Luther Vandross - Never Too Much
Digable Planets - Nickel Bags
Mary J. Blige - No One Else
Eddie Murphy - Party All The Time
Outkast - Player's Ball
Blondie - Rapture
Warren G & Nate Dogg - Regulate
Wiz Khalifa - Roll Up
The Pharcyde - Runnin'
Snoop Dogg - Sexual Eruption
Ol' Dirty Bastard - Shimmy Shimmy Ya
Mic Geronimo - Shit's Real
Big Punisher & Joe - Still Not A Player
Nas & R Kelly - Street Dreams (Remix)
Joe & Mystikal - Stutter (Remix)
Quincy Jones - Summer In The City
DJ Jazzy Jeff & The Fresh Prince - Summertime
Mos Def - Sunshine
Lil Flip - Sunshine
Bahamadia - Uknowhowwedo
Ashanti - Unfoolish
TLC - Waterfalls
Jermaine Stewart - We Don't Have To Take Our Clothes Off