24 février 2010

Le Futur selon Retour vers le Futur II

Ces 10-15 dernières années, la science-fiction s'est particulièrement appliquée à décrire un futur plus réaliste, plus en accord avec les technologies et les relations sociales présentes. Voir par exemple LES FILS DE L'HOMME ou MINORITY REPORT. Pour ce dernier, Spielberg a par exemple rassemblé seize spécialistes en technologie, environnement, lutte contre le crime, médecine, santé, services sociaux, transports, informatique et d'autres domaines pour définir au mieux le futur.

Mais les années 80 étaient un peu plus extravagantes en ce qui concerne la science-fiction. Les voitures volantes, la nourriture hydrogénée, les vêtements bariolés, le tout automatique etc. La plupart des films de cette époque vont loin, très loin dans la description des années 2010 à 2050.

RETOUR VERS LE FUTUR II, lui, se déroule en grande partie en 2015, soit dans 5 ans. Et s'il n'échappe pas à pas mal de clichés SF de l'époque, il voit aussi juste sur de très nombreux points (ou pas).

Petit inventaire (non exhaustif) de la vision du futur selon RETOUR VERS LE FUTUR part II...



Ce que nous disait RETOUR VERS LE FUTUR II
: La reconnaissance par empreinte sera utilisée par tout le monde pour toute sorte de tâche.

Ce qu'il en est aujourd'hui : Tout le monde n'utilise pas tout le temps la reconnaissance par empreinte. Mais il existe de nombreux ordinateurs portables, principalement à usage professionnel, qui utilise cette technologie pour la sécurisation de leurs données. Idem avec les souris. Quelques voitures haut de gamme sont également équipées de ce système.



Ce que nous disait RETOUR VERS LE FUTUR II : La population sera accroc à la chirurgie esthétique.

Ce qu'il en est aujourd'hui : Troy. McNamara. Demi Moore.



Ce que nous disait RETOUR VERS LE FUTUR II : Les appels vidéos sont utilisés à domicile dans la vie quotidienne.

Ce qu'il en est aujourd'hui : Certes les appels vidéos n'ont pas remplacés complètement les appels dits normaux par la voix uniquement. Mais la démocratisation des lignes haut-débit, l'intégration systématiques des webcams aux PC portables et l'apparition de logiciels gratuits comme Skype ont rendu la vidéophonie extrêmement accessibles. Et il suffit de regarder le dernier film de George Clooney, IN THE AIR, pour se laisser convaincre qu'on peut maintenant même se faire virer par vidéoconférence - comme Marty McFly !



Ce que nous disait RETOUR VERS LE FUTUR II : Chaque foyer sera équipé d'un écran plat géant capable de regarder plusieurs programmes à la fois.

Ce qu'il en est aujourd'hui : Un petit tour à la Fnac et vous aurez votre réponse. Robert Zemeckis a visé en plein dans le mille cette fois. Les tubes cathodiques ont complètement disparu. Les écrans sont de plus en plus plats, de plus en plus grands et les prix de plus en plus bas. Banco !



Ce que nous disait RETOUR VERS LE FUTUR II : Les skaters flotteront dans les airs.

Ce qu'il en est aujourd'hui : A mon grand regret, et à celui des milliards de petits garçons du monde entier, le skate flottant ou "Hover Board" n'existe pas encore. On va sûrement devoir attendre 15-20 ans pour en voir un dans nos rues. Et encore ! (La société Hovertech, spécialisée de ce genre de produits, affirme que ce ne sera pas possible avant longtemps...) A défaut, on peut se rabattre sur le "Rip Stick" qui n'utilise plus quatre mais deux roues. Un progrès ?! Vous ne flotterez pas encore mais vous pourrez glisser sur le sol comme un serpent.


Ce que nous disait RETOUR VERS LE FUTUR II : Mr Fusion ou convertir la matière en énergie.

Ce qu'il en est aujourd'hui : On y est pas encore. Nos vieilles peaux de bananes et boîtes de gateaux ne fournissent pas encore l'énergie nécessaire à chauffer nos maisons ou faire rouler nos voitures. Mais beaucoup essayent. Depuis plusieurs années, quelques compagnies semblent tenter de réaliser ce challenge apparemment impossible, à l'image de la société espagnole Ecofasa.


Ce que nous disait RETOUR VERS LE FUTUR II : Les objets des années 80 deviendront des antiquités.

Ce qu'il en est aujourd'hui : Je ne sais pas vous mais mes vieilles VHS ont plutôt tendance à aller à la poubelle que dans les magasins d'antiquités. Idem pour les 45T, les vieilles télé à tubes cathodiques et écrans d'ordinateurs 8 pouces. Les années 80 ont beau être très à la mode, vous décoreriez votre piaule avec le téléphone de Michael Douglas dans WALL STREET ?



Ce que nous disait RETOUR VERS LE FUTUR II : Les films holographiques remplaceront les films en 2D

Ce qu'il en est aujourd'hui : Les projections holographiques existent mais la technologie est loin d'être maîtrisée. Par contre, désormais, quand on va au cinéma, on nous invite fréquemment à porter ces jolies lunettes pour profiter des derniers blockbusters hollywoodiens en 3 Dimensions. Et finalement, le résultat est "presque" le même.



Ce que nous disait RETOUR VERS LE FUTUR II : Les Nike seront trop stylés et se laceront toutes seules.

Ce qu'il en est aujourd'hui : Elles ne se lassent pas encore toutes seules mais elles sont définitivement trop stylés. La mode est clairement aux sneakers très montants, comme ceux, par exemple, de la marque Supra. D'ailleurs, sous la pression des fans, Nike a récemment sorti une version du modèle Hyperdunk directement inspirée des chaussures de Marty McFly. Par contre, il n'y aura que les chaussures de stylé car pour le reste des vêtements, nos designers favoris ne sont pas encore des fabricants de néons aveugles. Quoique !? On a Lady Gaga.



Ce que nous disait RETOUR VERS LE FUTUR II : Pour passer un coup de téléphone dans la rue, il faudra se rendre dans des cabines téléphoniques.

Ce qu'il en est aujourd'hui : Hum Hum. Tout faux !


Ce que nous disait RETOUR VERS LE FUTUR II : Le sport à la mode sera le Slamball.

Ce qu'il en est aujourd'hui : Mélange de basket et de trampoline, le slamball a été créé en 2002. Le sport n'a pas encore détronné le basket-ball ou le base-ball au rang des sports les plus populaires mais il fait son petit chemin. Aux Etats-Unis, il dispose en effet de son propre championnat dans lequel s'affrontent 6 équipes (les Maulers, les MOB, les Hombres, les Bouncers, les Rumble et les Slashers).



Ce que nous disait RETOUR VERS LE FUTUR II : Les jeux vidéos se joueront sans les mains.

Ce qu'il en est aujourd'hui : Dans ce domaine, la Wii a fait progresser les choses de façon très significative. Les gamers hardcore jouent encore avec leurs bonnes vieilles manettes sur leur Xbox ou PS3 mais tout le monde sait que l'avenir du jeu dans sa formule la plus populaire reste les jeux à contrôle corporel. La Wii-Board va déjà largement dans ce sens. En attendant la démocratisation des systèmes de jeu par le seul mouvement des jambes et des bras (qui existent déjà !).


Et bientôt, le futur selon DEMOLITION MAN ! Nan, j'rigole...



19 février 2010

Appelez-moi MC

Je l'ai déjà dit un milliard de fois mais le Hip Hop, c'est mon truc. Le truc de mon adolescence qui n'a été consacré qu'à ça. Le truc de ma vie d'adulte qui s'y consacre à mi-temps. Mais le Hip Hop en Français, par contre, ça ne m'a jamais fait vraiment explosé le cerveau (ou presque). Mais pas besoin de faire une psychanalyse pour savoir pourquoi.

D'abord parce que mon amour pour la rap n'a rien à voir avec une quelconque rébellion. Je n'ai manqué de rien. Je n'ai jamais été victime de discrimination. J'ai aucune raison d'avoir du ressentiment pour qui ou quoi que ce soit. Donc, Joey Starr et Kool Shen pouvaient s'énerver autant qu'ils le voulaient, ça ne me faisait ni chaud ni froid. Ça ne me touchait pas. Ça ne me disait pas grand chose. Ayant toujours eu un côté plus "terroir", "artisanal" et "contestataire", le rap camembert ne m'a jamais touché comme beaucoup de groupes de rap hamburger ont pu le faire très tôt (de De La Soul au Wu-Tang Clan en passant par Outkast).

Par contre, tout ce qu'il y avait autour me fascinait : la musique, le graf, la danse, les fringues, la possibilité de dire ce qu'on veut, comme on veut et quand on veut (le Hip Hop ne serait-il pas l'ancêtre du web 2.0 ?). Par exemple, dans PUBLIC ENEMY, le truc qui m'attirait le plus, outre la musique bien évidemment excellente, c'était le look de Flavor Flav, le côté sulfureux, le logo ou tout l'apparat qui allait avec. Contrairement aux Français, les Américains ont toujours su emballer leurs produits culturels d'un emballage pop. C'est ce qu'il s'est passé avec le gangsta rap au début des années 90. Snoop et Dre n'étaient pas les premiers à traiter les filles de "biatch", à parler de fusillades ou de la vie quotidienne dans les ghettos ensoleillés etc. Ils ont juste été les premiers à rendre ça pop, à faire entrer ce "mode de vie" dans la culture populaire. Ils ont rendu ça cinématographique. Vu d'ailleurs, le gangsta rap version "Death Row" avait quelque chose de surréel, de "bigger than life" et forcément de très provocateur.

Et la provocation reste le grand moteur de la pop culture : Jacko, La Madonne, Britney, Lady G., tous passent par là. Même des groupes précédemment cités, plus "fun", étaient des provocateurs à leur niveau, que ce soit avec leur musique à contre-courant (De La Soul) ou leur look vestimentaire (Andre 3000 d'Outkast). Bref, le rap américain, contrairement au rap français, c'est de la pop (et pas forcément au sens musical du terme) et c'est ce que j'aime avant tout.

Ces dernières années, le rap français s'est bien essayé à sortir de son image "musique contestataire" un peu rustre en créant les Booba et consorts. Mais elles ne restent que des créatures aussi absurdes et pathétiques qu'une Emma Daumas singeant Avril Lavigne ou une Lorie contrefaisant Britney. Personne n'est dupe. A une autre époque, les yéyés allaient chercher les tubes yankee pour les adapter en Français. Ça marchait le temps qu'il fallait mais ça n'en a fait rentrer aucun dans les annales pop "made in France" - à la différence de ceux qui ont inventé leur propre langage (Polnareff, Hardy, Dutronc...). En clair, Booba est à 2Pac ce que Dick Rivers est à Elvis. Une caricature.

Mais certains rappeurs français ont su trouver grâce à mon coeur - à défaut de sonner pop. Tout simplement parce qu'ils ont su combiner un savoir-faire devant la feuille blanche et derrière le micro. Un savoir-faire purement artisanal mais qui reste la marque absolue du "divertissement/art à la française". Que voulez-vous ? C'est ça l'exception culturelle. En France, trouver l'équilibre entre marketing de l'image et crédibilité artistique a toujours été un challenge impossible. Très rares sont ceux et celles qui y sont parvenus. A vrai dire, je ne vois que Serge Gainsbourg.

En ce qui me concerne, lorsque je "juge" un rappeur français, c'est donc vers le talent brut que je me tourne. L'image, l'impact pop-culturel, qui me fascine tant chez les Américains, j'essaye d'en faire abstraction quand il s'agit de rap en français. Vaut mieux. Et de ce point de vue, il faut bien avouer que je me dois de ressortir mon fameux couplet "c'était mieux avant". Rappelez-vous, c'était déjà ici.

En premier, MC SOLAAR évidemment - en tous les cas, sur ses deux premiers albums qui restent des modèles de sophistication musicale et d'écriture. Et puis il y a aussi ses poulains des SAGES POÈTES DE LA RUE dont le premier album "Qu'est-ce qui fait marcher les sages" en 1995 est sûrement la galette de rap en français (quoi qu'en fait, c'était plus une K7) que j'ai le plus écouté dans les années 90 ! Zoxea, Dany Dan et Melopheelo étaient cultivés, avaient des mots plein de sens, des rimes pleines de poésie, des sons punchy et plein de soul. Des qualités et un vrai talent BRUT qu'on retrouvait aussi chez LA CLIQUA, le "Wu-Tang français", l'agrégation des tous meilleurs techniciens de la rime dans la langue de Voltaire. Daddy Lord C, Rocca ou Raphael, autant de MC brillants dont la seule ambition n'a jamais été que de balancer leur amour du mic et magnifier le flow - très loin des expressions abscons, du verbe faible et des rimes cheap du rap français actuel, inculte, hypocrite et tape-à-l'oeil.

Mais tout ça remonte à près de 15 ans. Entre temps, pas grand chose. Rien n'a fait tilt à mes oreilles. Et puis voilà que Facebook s'en mêle. Je n'avais pas eu de contact avec celui avec qui je partageais cet amour du Hip-Hop back in '95 depuis plus de 10 ans. Mais les réseaux sociaux 2.0 sont à ce point formidables qu'ils m'ont permis de découvrir qu'il avait poursuivi une oeuvre entreprise bien des années auparavant. Une oeuvre "de jeunesse" que, faute de talent, j'avais moi-même abandonné depuis longtemps. Oui. A 16-17 ans, je faisais parti d'un groupe/duo de rap. Révélation. Ça a duré 2 ans, le temps que je m'aperçoive que j'étais bien trop timide pour ça et qu'il n'y avait qu'une seule chose qui me plaisait là-dedans, à savoir l'écriture de texte. Et le rap n'est pas la variet' : le MC doit écrire son texte lui-même. C'est la règle.

Mon ami Landry aka Freez a donc persévéré. Mais, lui, le talent, il l'avait et il l'a toujours. Je l'ai toujours pensé. Après un premier maxi 3 titres, il est donc présent avec son compère Emoaine, sous le blase STAMINA, sur la compilation APPELLE-MOI MC. Alerté via Facebook, donc, j'ai fait un truc que je n'avais pas fait depuis de très nombreuses années : acheter un disque physique. C'était la moindre des choses. Plus que cet acte que je croyais un peu oublié, ça m'a surtout permis de replonger mes oreilles dans un monde que je croyais disparu depuis une bonne décennie, un monde de MC vaillants, proche de l'underground, loin de tout ce qui a fait le Hip-Hop français ces dernières années.

Certes, cette compilation ne révolutionne rien. Certes il y a beaucoup trop de morceaux pour assurer une vraie cohérence à l'ensemble. Certes il y a des MC qui auraient du s'entraîner un peu plus avant de franchir le pas sur disque. Certes. Mais l'esprit combattant est là. L'amour du Hip Hop aussi. Bref, la formule a beau dater, c'est frais. Très frais. Et en plus, regardez-moi cette pochette ! C'est magnifique. Une vraie pochette "pop". On dirait une version "Gare du Nord/Stalingrad" de la pochette du "Ready To Die" de Biggie Smalls ou du "Illmatic" de Nas.

Donc, tout ça pour dire que ces derniers mois, je retrouve un certain goût à la rime en Français. On verra bien si ça continuera... A vous de jouer les gars ! Ça ne dépend que de vous !


14 février 2010

"Salut"

Ça me donne envie de tomber amoureux...



...ou est-ce que je le suis déjà ? Je ne sais pas. Je sais juste que ça me rend un peu triste. Parce que je ne sais pas faire ça. Je ne sais pas aller vers les filles qui me plaisent. Je ne sais pas leur dire qu'elles sont belles et qu'elles ont le plus sourire de la Terre. Je ne sais pas dire le "salut" qui entraînerait tout le reste. Je ne sais pas.

Mais je voudrais savoir. Parce qu'une seule fois suffit.

12 février 2010

La passion d'Anvil

Je crois qu'il n'y a rien de plus beau que la passion. Quand j'écoute quelqu'un me parler sans discontinuer de sa passion pour un groupe, pour un acteur, un film, la musique, un métier, pour un écrivain ou tout autre chose, ça me fait frissonner. Je trouve ça magnifique. Cette passion ordinaire, c'est ce qui nous rend humain car elle nous permet de vivre au jour le jour. Elle nous permet d'avancer, de faire des choses extraordinaires. C'est cette passion qui nous a offert les plus grands chefs d'oeuvre du cinéma ou de la musique.

Regardez Martin Scorsese en interview. A 67 ans, plus de 30 films au compteur et 40 ans de carrière, le réalisateur est un moulin à paroles lorsqu'on l'interroge sur sa mise en scène ou sur les films, les acteurs et autres réalisateurs qui l'influencent, le font frissonner de plaisir. Il est intarissable. Et ça le rend jeune. Ces films aussi. Ils sont toujours aussi forts, passionnants. Il a l'enthousiasme d'un jeune homme. Pas encore blasé. Toujours vif. Voyez aussi cette vidéo dans laquelle le compositeur de musique de films Angelo Badalementi explique comment il a crée le thème mythique de la série TWIN PEAKS. Il est en larmes. Le simple fait d'expliquer son art, de se rappeler d'un moment de musique le plonge dans une sorte d'état second, entre pure joie et mélancolie. Et je trouve ça beau.

Ce que je trouve beau aussi, c'est le groupe ANVIL. Je déteste le métal. Vraiment. En écoutant ce genre de musique plus de 2 minutes, j'ai envie de m'arracher les dents de sagesse avec une pince rouillée, me couper l'appareil génital à la tronçonneuse ou m'enfoncer un pied de table Ikéa dans le coeur - en fonction du lieu et de la situation du moment. Et pourtant. En sortant de la projection "très intime" (5 personnes dans une salle de 300 places) du documentaire ANVIL : THE STORY OF ANVIL, j'avais envie de laisser pousser mes cheveux (ce qui, avouons-le, risque d'être difficile) pour me faire une permanente, de porter des jeans moulants, du masquera, des T-shirts zébrés et hurler dans un micro des hymnes comme "Metal On Metal, It's what I crave, The louder the better, I'll turn in my grave", la guitare électrique en bandoulière. J'avais envie de m'acheter les 13 albums du groupe et exploser ma CB en T-shirts et autres merchandising brandés ANVIL.

Au milieu des années 80, ANVIL fait partie de la nouvelle vague du métal aux côtés de groupes comme Anthrax, Slayer, Bon Jovi, Metallica ou Guns N Roses. Ils sont considérés comme les plus talentueux et précurseurs par leurs confrères de l'amicale de cheveux longs permanentés qui font beaucoup de bruit avec leurs guitares et leurs voix aiguës. Tous s'accordent sur le fait que Steve "Lips" Kudlow, Robb Reiner et Glenn Five sont les futurs grandes stars du rock qui fait du bruit.

Mais non. Rien de tout ça. Près de 30 ans après leur premier album, ils ne sont toujours pas devenu les rock-stars tant espérés et attendus. Un destin peu enviable mais restant le lot des la très grande majorité des groupes se lançant dans la grande aventure du business de la musique. C'est comme ça. Ça l'a toujours été. Le talent n'est pas toujours synonyme de succès (Dans ce registre, voyez aussi le fabuleux documentaire DIG! sur le destin croisé des groupes Dandy Warhols et du Brian Jonestown Massacre).

Mais il y une différence majeure entre ANVIL et les centaines de milliers d'autres groupes qui n'ont jamais percé : ANVIL est toujours là. Porté par la personnalité taquine et joviale de Lips, son chanteur qui, dans sa jeunesse, portait sur scène un costume sado-maso et jouait de la guitare avec un gode, le groupe a poursuivi sa route pendant toutes ces années.

En marchant sur le fil de la passion, toujours à deux doigts de tomber dans l'auto-destruction fatale et le chaos financier et psychologique, le groupe s'est entêté, est resté soudé comme au premier jour, n'a jamais abandonné. Ils ont joué dans des bouges d'Europe de l'Est devant cinq alcooliques et ont subi les pires humiliations qu'un groupe puisse subir. Mais ils ont continué. Portés par le soutien de leurs proches. Portés par l'envie de réussir. Portés par leur passion de la musique. Ils ont beau être parfois à la limite du pathétique, c'est toujours d'une beauté assez incroyable de les voir interagir. Juste pour la beauté de l'art. Loin des habituels conflits d'égos qui hantent les documentaires rock (de la parodie SPINAL TAP au SOME KIND OF MONSTER de Metallica, par exemple). Juste une bonne grosse dose d'humanisme, d'amitié et d'amour de la musique.

Et ça fait du bien. Ces types vous remontent le moral. Pas dans le sens "Qu'est-ce qu'ils font pitié". Pas dans le sens "Au moins, je ne suis pas le seul à galérer". Dans le sens, "Je peux y arriver. Ça prendra le temps qu'il faut mais j'y arriverais." C'est une vraie philosophie de vie de se dire ça : un vrai mélange de confiance, de folie, de goût du risque et d'humanisme. Et cette philosophie, c'est à mon avis la seule qui vaille. C'est elle que j'ai envie de suivre lorsque j'écrit ce blog. C'est elle que j'ai envie de suivre dans la poursuite de mes rêves et de mes ambitions professionnelles, amicales et amoureuses.

Cette philosophie, sorte de "passion raisonnable", qui tient compte à la fois de son propre égo, de ses propres envies et désirs mais aussi et surtout des autres. Parce que ANVIL sans la famille, les amis et les fans, ce serait vraiment pathétique.

Je dis donc MERCI à ces petits bonshommes chevelus pour toute l'inspiration qu'ils peuvent offrir à ma personne et au monde grâce à leur passion...



10 février 2010

Fall At Your Feet...

Je n'ai plus d'ordinateur. Ces belles petites machines sont tellement sophistiquées et miniaturisées que la moindre contrariété exige que vous les emmeniez chez Mr Le Réparateur. Donc pour un nombre de semaines encore indéterminé, je suis privé d'ordinateur chez moi. D'où, vous le comprendrez, l'absence de post ces derniers jours.

Mais je n'ai vraiment pas envie de laisser tomber pour autant. Etant incapable, dans ces conditions, de rédiger des choses un peu fournies, je vais essayer de poster des choses plus courtes, voire très courtes.

Et donc, pour commencer, j'avais juste envie de partager cette chanson, cette belle chanson du groupe australien Crowded House qui raconte l'histoire d'un garçon fou d'amour, prêt à tout pour la fille qu'il aime...

Juste parce que c'est beau, que c'est bientôt le pire jour de l'année pour les gens comme moi et parce que les chansons d'amour, il n'y a finalement que ça de vrai...


02 février 2010

Made in 90's #8 : la fin de l'innocence

En 2009, j'ai beaucoup parlé de gens morts. Patrick Swayze. Michael Jackson. John Hughes. J'ai raconté à quel point leur mort était triste. Duh. J'ai raconté à quel point leur oeuvre marqua mes jeunes années (et un peu plus). J'ai raconté leur impact sur ma vie. Bref, j'ai raconté ma vie à travers d'autres vies, qu'elles soient celles de personnages de fiction ou d'auteurs. Finalement, c'est normal d'être touché par la mort de quelqu'un - connu ou inconnu. Mais peut-on être touché de la même façon par la mort d'une société dans tout ce qu'elle a de capitaliste et mercantile ?

A priori non. Sauf que je n'ai pas envie de parler de n'importe quelle société.

Jeudi 28 janvier 2010 marque en effet la fin de Miramax. Fondée en 1979 par les frères Weinstein, la société de distribution et de production était devenu le label le plus cool du cinéma des années 90. J'ai parlé il y a quelques jours de la personnification des studios hollywoodiens en citant notamment Fox Searchlight - probablement le plus cool des labels cinéma de ces 10 dernières années. Sauf qu'au milieu des 90's, Miramax, c'était cent fois ça. A l'époque, la société, en jouant à fond sur la personnalité "bigger-than-life" des deux frères, s'était forgé une image à la fois magique et totalement fascinante. D'un côté, Harvey, la caricature du producteur de cinéma, exubérant, colérique, grande gueule, spécialiste des films "adultes", à la fois proche et impitoyable avec ses auteurs. De l'autre, Bob, le discret mais non moins impitoyable, spécialiste des films de genre, des produits calibrés et facilement vendables en vidéo.

A eux deux, ils symbolisent tout ce qui fit le sel et le cinéma des années 90 - en mettant une grosse claque aux gros studios hollywoodiens en réinventant le business. Ils se créent une écurie de jeunes metteurs en scène prometteur comme Quentin Tarantino, Kevin Smith ou Robert Rodriguez. Ils font de petits films indépendants sans budget des grosses machines commerciales. Ils trustent les Oscars avec des films adultes, ambitieux et épiques pour l'hiver tout en caracolant l'été au box-office avec des films d'horreur qui renouvellent le genre. Bref, grâce à ses choix audacieux, Miramax, plus qu'aucune autre société cinématographique, a forgé la sensibilité cinéphile de millions d'adolescents et jeunes gens dans le monde. Il faut remonter au Paramount de Robert Evans (LE PARRAIN, LOVE STORY...) pour retrouver un exemple à peu près comparable.

Compte tenu que j'avais 15-16 ans à leur apogée en 1995-1996, il faut bien avouer que cette génération d'adolescent, je la connais bien. C'est la mienne. Il est clair qu'une bonne partie de mes goûts présents sont liés d'une façon ou d'une autre aux films Miramax.

Donc je pourrais bien sûr parler de PULP FICTION en 1994. Mais là, ça risquerait d'être long. Vraiment très long. Dire que ce film m'a marqué serait un euphémisme. En même temps, je suis sûr que ça a été le cas pour à peu près toutes les personnes ayant eu entre 15 et 35 ans au milieu des 90's.

Je peux surtout parler de SCREAM. Lorsque j'ai vu le film de Wes Craven pour la première fois en 1996, j'ai eu un choc. Un vrai. De ceux qui vous transforment une vie. Non, je ne me suis pas mis à trucider mes petits camarades au lycée. J'ai découvert un langage cinématographique. J'ai découvert Kevin Williamson et sa plume, le second degré mêlé au premier, l'hommage et surtout le slasher et toute une série de films d'horreur teen qui ont ensuite marqué mon adolescence cinéphile : VENDREDI 13, LA DERNIÈRE MAISON SUR LA GAUCHE, HALLOWEEN, CARRIE etc. Entre 1996 et 2000, vous ne pouvez pas imaginer le nombre de fois que j'ai regardé les deux derniers. Ce n'est pas humain. Si j'écris ce blog aujourd'hui, je dois l'avouer, c'est en grande partie grâce à SCREAM et à son scénariste Kevin Williamson (à qui l'on doit aussi DAWSON, la grande obsession pop de ma vie - mais je parlerais de ça plus tard).

Mais MIRAMAX, c'est pour moi des dizaines d'autres films moins connus qui ont complètement chamboulé ma culture cinéphile et remis en question ce genre de certitudes que l'on peut avoir quand on est un garçon de 15 ans. Vous savez des trucs comme "Un film sans Jean-Claude Van Damme ne vaut pas la peine d'être vu" ou "Le noir et blanc, c'est pour les vieux" ou "Un film sans explosions ou fusillade au ralenti, c'est de la branlette d'intellos".

Ces films, ce sont DERNIÈRES HEURES A DENVER, FRESH, CLERKS, IL POSTINO, THE CROSSING GUARD, BEAUTIFUL GIRLS, UNE NUIT EN ENFER, LE PATIENT ANGLAIS, THE PALLBEARER, DON'T BE A MENACE TO SOUTH CENTRAL, SWINGERS, ALBINO ALLIGATOR, COP LAND, WILL HUNTING, MIMIC, JACKIE BROWN, THE YARDS...

Des films noirs, des comédies, des films d'amour, des films sans stars et d'autres avec, des films sans explosions mais d'autres avec, des films d'horreur, des films en noir et blanc... Bref, un peu de tout. Pas toujours des chefs d'oeuvre. Parfois même des films faibles. Mais toujours des films dont je souviens comme si je les avais regardé hier. Des films qui respire le cinéma. En tous les cas dans mon esprit d'adolescent et de jeune adulte. Dans cet esprit, tous les films précédemment cités étaient la quintessence de la coolitude. Aimer ces films, c'était être cool. Et franchement, c'était vraiment ma seule raison de penser que j'avais un peu de coolitude en moi à cet âge là... Quant à aujourd'hui, à défaut d'être cools, ces films représentent une autre quintessence, celle de la nostalgie des années 90. Avec Haddaway et 2 Unlimited !

Alors, de savoir que Miramax ferme, pour toujours, c'est un peu un crève-coeur. Il est vrai que les frères Weinstein, aussi désagréables soient-ils, ne sont plus là depuis plusieurs années, qu'ils sont désormais les rois du bide intersidéral avec leur nouvelle société (The Weinstein Company), que le Miramax contrôlé à 100% par Disney (depuis 2006) avait quelque chose d'aseptisé sans la magic touch d'antan (malgré quelques très bons films comme GONE BABY GONE, NO COUNTRY FOR OLD MEN ou ADVENTURELAND).

Mais la mort de Miramax, au-delà des licenciements forcément douloureux, c'est la mort d'un logo, d'une vision qui m'a un jour fait croire que l'on pouvait être un gros barbu fan de STAR WARS et réussir à rendre accessible une certaine contre-culture geek au le plus grand nombre, que l'on pouvait être un employé de vidéo-club maladivement obsédé par le cinéma et réaliser quelques chefs d'oeuvre, que deux petits acteurs losers pouvaient rendre heureux des millions de gens par la seule grâce de la beauté de leur scénario, que le talent brut avait encore sa place sur les grands écrans du monde, qu'il y avait encore des gens prêts à mettre leur couille sur un plateau pour un simple film de cinéma...

En m'initiant au cinéma intelligent, à la belle mise en scène et aux dialogues bien écrits, Miramax a tué mon innocence cinéphile. Aujourd'hui, je pourrais donc savourer ma vengeance en dansant sur sa tombe. Mais j'en ai vraiment pas envie. Vraiment pas. Je laisse ce plaisir à Michael Bay, Stephen Sommers et Brett Ratner...