28 décembre 2010

No Love, Actually...

Je ne sais pas vous mais j'aime bien regarder des films de Noël à Noël. Vous êtes (généralement) en vacances, plein de temps devant vous. Il neige dehors. Ca vous gave de sortir. Vous décidez alors de vous faire un chocolat chaud avec des petits beurres. Pour les plus americains d'entre vous, vous sortez le snuggie de la penderie et c'est partie pour un marathon de films de Noël. LA VIE EST BELLE de Franck Capra. LE MIRACLE DE LA 34e RUE avec Natalie Wood. ELFE avec Will Ferrell. L'ETRANGE NOËL DE MONSIEUR JACK. MAMAN, J'AI RATE L'AVION et même, soyons fou, PIEGE DE CRISTAL et les GREMLINS.

Personnellement, il suffit qu'un film se déroule à Noël pour que j'aime bien. Il y a quelques jours, je me rendais même compte de la raison pour laquelle j'aimais moins (voire pas du tout) les numéros 3 et 4 de la saga DIE HARD : ils ne se déroulent pas pendant les fêtes de Noël. Même des films comme UN FAUTEUIL POUR DEUX, EDWARD AUX MAINS D'ARGENT ou LA GARÇONNIÈRE, pas des films "de Noël" à proprement parlé, ne seraient pas aussi géniaux s'ils ne se déroulaient pas à cette période. Question d'ambiance, je pense.

C'est le but intrinsèque de ce genre de films : vous mettre la patate, vous rendre joyeux, vous rassurer sur la nature humaine, sa capacité à partager et à offrir. Un film de Noël n'est pas forcément une comédie. Un film de Noël n'est pas nécessairement drôle. Il doit juste être réconfortant. Par exemple, LA VIE EST BELLE, le plus grand et beau film de Noël qui ait jamais été fait. Ce n'est pas un film fondamentalement joyeux. Après tout, il parle d'un homme au bord du suicide. Mais la morale fait en sorte que vous en sortez regonflé, heureux de vivre. La quintessence de tout (bon) film de Noël.

Mais il y a un film, un vrai film de Noël, que je ne supporte pas. C'est un film bien fait, très drôle, avec plein d'acteurs et d'actrices de qualité, des gens que tout le monde aime. D'ailleurs, tout le monde aime ce film. Difficile de trouver des gens qui ne l'aiment pas. C'est un film qui repasse régulièrement à la télé. Mais, moi, je ne peux pas. Une partie de moi ne peut pas le supporter. Ma tête le supporte (parce que c'est un plutôt bon film) mais mon coeur n'y arrive pas. Et cela depuis toujours. Après l'avoir vu pour la première fois, en ce mois de décembre 2003, j'ai déprimé pendant deux semaines.

Ce film, c'est LOVE ACTUALLY.

L'intention première de LOVE ACTUALLY est de faire avec l'Amour "romantique" ce que les films de Noël traditionnels font avec l'Amour "familial". La famille, c'est la base de tout bon film de Noël qui se respecte et c'est ce qui les rend si réconfortant et agréable à regarder au coin du feu avec une tasse de chocolat chaud. Une fois le film terminé, vous vous dites que vous avez bien de la chance d'avoir des gens qui vous aiment autour de vous et qui vous ont gâté au pied du sapin. Mais le message du film de Richard Curtis est différent car son coeur est la romance. Il vous dit, de but en blanc : la seule chose qui compte en cette période de Noël, c'est d'avoir UNE PERSONNE qui vous aime. Pas votre soeur. Pas votre mère. Pas votre père. Pas vos cousins, vos oncles et tantes. Non. Une seule personne : Votre femme. Votre petite-amie. Ce qui compte dans LOVE ACTUALLY, c'est l'Amour ROMANTIQUE.

Et ce type d'Amour, je ne l'ai pas. Je ne l'avais pas en 2003 et je ne l'ai pas aujourd'hui. Alors, lorsqu'un mec convoque la crème du cinéma britannique et quelques unes des meilleures vannes de sa carrière pour bien vous faire comprendre que célibataire à Noël c'est bien pourri, vous en chiez, votre coeur pouvant bien aller se faire foutre. Evidemment, tous ceux étant en couples à cette période des fêtes de fin d'année prennent leur pieds devant LOVE ACTUALLY - de la même façon que ceux qui n'ont pas de familles à Noël doivent bien en chier en regardant LA VIE EST BELLE ou d'autres films du genre.

Vous allez me dire que tout film d'Amour se déroulant à Noël aura le même résultat. Un peu, c'est vrai. Mais LOVE ACTUALLY a la particularité d'être ce que l'on appelle un film chorale. Il n'y a pas un héros et une héroïne mais des dizaines. Le principe d'un film chorale est de faire de ces dizaines de cas une généralité, de parvenir à une sorte de morale commune. Au contraire d'une simple histoire individuelle qui aurait le pouvoir de vous faire rêver, vous pousser à mieux pour atteindre vos objectifs à travers le parcours d'un garçon et d'un fille, un film chorale comme LOVE ACTUALLY accumule ces mêmes garçons et filles et vous force, au final, que vous le vouliez ou non, à accepter cette morale du plus grand nombre.

Chaque jour qui passe, je fais comme je peux pour dire "au plus grand nombre" d'aller se faire foutre. Je l'ai déjà dit plein de fois : le consensus m'emmerde - dans la pop culture comme dans ma vie privée. Entendre parler d'AVATAR m'emmerde autant que ma mère me parlant de mariage et de petits-enfants. Alors sortir de LOVE ACTUALLY, avec tous ces personnages amoureux, ayant trouvé l'Amour, le vrai, en même temps, dans, parfois, les situations les plus invraisemblables possibles, c'est comme s'entendre dire par des centaines de petites voix que, oui, ta vie est une merde parce que tu es toujours célibataire.

Ce qui déprime. Beaucoup.

Je ne porte pas mon célibat comme une croix. Je préfère largement être célibataire qu'être avec quelqu'un avec qui je ne sois pas bien à 100%. Mais le fait est là : dans le film de Richard Curtis, tout le monde trouve l'Amour, ce qui peut paraître, au premier abord, très réconfortant. L'Amour, c'est beau. L'Amour, c'est doux. L'Amour, ça fait frissonner le coeur des adolescent(e)s (et de tous les autres - même s'ils refusent de l'admettre). Mais le fait que tout le monde trouve l'Amour, ça fait chier aussi - surtout quand Colin Firth, Emma Thompson, Hugh Grant, Liam Neeson, Laura Linney, Alan Rickman et plein plein d'autres se mettent à vous dire en choeur, armés de leurs plus beaux sourires, les violons de Craig Armstong à plein régime, que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue sans quelqu'un dans le snuggie avec vous (surtout, aussi, quand le seul personnage avec lequel vous vous trouvez, au final, le plus d'affinités #euphémisme, est le seul personnage qui se prenne un râteau de la fille qu'il aime...)

LOVE ACTUALLY, pour moi, c'est comme cette chanson que vous avez partagé avec la fille de vos rêves avant qu'elle vous ait refusé l'Amour que vous lui offriez. Vous voulez l'écouter, encore et encore, sans arrêt, jusqu'à ce que votre coeur, qui se sera lentement vidé de son sang, soit réduit à une petite boule purulente et sans vie. Mais vous savez que vous ne devez pas l'écouter, qu'elle ne fera qu'empirer l’hémorragie. Vous le savez mais vous continuez... Je déteste LOVE ACTUALLY.

PS : Désolé pour le post semi-dépressif. J'essaye de prendre de l'avance pour le Nouvel An, histoire d'atténuer la douleur pré et post-31 décembre.



10 commentaires:

  1. Awww... Tu te fais du mal avec un mauvais film, Love Actually craint! Des ficelles grosses comme le père noël et une morale à la con. Les vrais bons films romantiques sont plus subtils et ouvrent la porte à tout le monde. Les célibataires ne se retrouvent pas tout seuls et piteux dans la neige et le froid. :-)

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  2. J'ai arrêté de me faire mal. La dernière fois que le film est passé à la télé, j'ai été fort et je ne l'ai pas regardé.... ;-)

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  3. C'est bien Michael, tu es sur la bonne voie!! :-)
    Je reconnais que c'est une période de m... pour les singles. Vite le 31 est bientôt derrière nous.
    :-)

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  4. Toi ! Tu es formidable :) J'adore. Sincèrement. Super billet. Pourquoi être désolé ? Y a rien de "semi-dépressif" là-dedans. ^^ Oui on emmerde ces films à la con ! Ces faiseurs de fausseté chiante et discriminatoire. Jamais vu mais au vu de ce que j'en lis, j'ai pas envie.
    J'aime aussi les films de Noël par ailleurs même si je les aime de moins en moins. J'adore les 3&4 Die Hard, sérieux. Je pensais dire le contraire du 4, revu récemment une 2ème fois, j'ai adoré. Le 3 et cette balade dans le marasme new-yorkais, génial ! Maman, j'ai raté l'avion sans déc', je voulais le revoir y a quelques jours en revoyant un épisode de Seinfeld où Georges matait le 2 et pourquoi je voulais le revoir parce qu'on était dans cette période de Noël que tu as très bien souligné. Au final, j'ai plus la VHS, j'ai repassé un film dessus. Un muet dont le titre m'échappe. VHS oui, en effet, je suis toujours dans les années 80, lol. Celle-ci c'était une spéciale dédicace. ;)

    ps : pour les VHS c'est vraiment vrai comme le fait que Love Actually soit... beurk.
    ps2 : Joyeux Noël.

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  5. Je suis d'accord avec Magali et cet étrange commentateur qui se fait appeler I.D... C'est pas bon de se torturer à cause d'un film qui de toute façon n'est même pas mémorable ;)
    Ces sentiments sont humains, mais je refuse de croire que le mollasson Love Acutally puisse en être la source^^

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  6. J'ai jamais compris tout l'engouement des gens autour de ce film. Je l'ai trouvé plus que bof!

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  7. Si le coeur vous en dit, écoutez-donc ça:
    http://newbreakfastclub.blogspot.com/2006/12/40-xmas-spirit-vol1-moviez.html

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  8. Je ne sais pas si c'est vraiment une très bonne comédie romantique. Je voulais regarder ça avec ma copine parce que c'est son genre de film, mais j'avoue que j'ai été plutôt gêné : Rickman trompe sa femme, Keira fait de l'oeil au meilleur pote de son mari, le moche part baiser tout ce qui bouge aux Etats-Unis, la blonde abandonné son beau garçon pour son frère qu'est tout golio... Elle est où la belle histoire déjà ?

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  9. L'histoire de Sarah (Laura Linney), comme celle d'Alan Rickman et Emma Thomson ou encore celle de Bill Nighty prouvent que tu as très mal compris le film. Sarah sacrifie son histoire avec Karl par amour pour son frère, qui a besoin d'elle. L'histoire de Rickman et Thompson est basée sur la famille, et celle du rockeur et de son manager sur une longue et très forte amitié. Que dire aussi de la relation entre Liam Nieeson et son beau-fils, tissée à travers l'obsession du petit garçon pour gagner le coeur de Joana? La vie ne vaut d'être vécu sans amour, c'est effectivement le message du film, sauf que l'amour est partout (La toute première scène met bien ça en avant!!): romantique, familial, amitié...
    Pardon, mais j'ai trouvé cette critique très aigrie...

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    1. Je n'ai pas mal compris le film : j'ai vu le film avec mes yeux, à un moment donné de ma vie. Et à ce moment là, c'est le ressenti que j'ai eu : ça m'a fait mal. Bien sûr que j'y ai vu ce que j'avais envie d'y voir. C'est évident. Mais comme n'importe quelle personne qui regarde n'importe quel film ou lit n'importe quel livre ou écoute n'importe quelle chanson. Un film n'est pas un cours de math. Ce n'est pas quelque chose qui se regarde et dont tout le monde tire la même conclusion.

      Donc, non, je n'ai pas mal compris le film. Je l'ai compris à ma façon. Et c'est ce que je raconte dans ce billet.

      Billet qui n'est pas une "critique". Je ne dit pas que le film est bien ou pas bien pour tel ou telle raison. Je dis que "je déteste Love Actually" pour les douleurs qu'il m'a fait ressentir. Et j'explique pourquoi il me les a fait ressentir.

      Alors, pour toutes ces raisons, à savoir si ce billet est aigrie, sincèrement, il ne l'est pas.^^

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