05 décembre 2011

Clueless expliqué aux moins de 25 ans

Pour sa dernière édition, le Thursday Night Live a programmé CLUELESS. L'occasion de (re)voir le teen movie culte de Amy Heckerling, circa 1995. L'occasion également de constater que les nombreux (jeunes) étudiants en cinéma présents cette nuit là au Studio des Ursulines étaient, pour la plupart, assez loin d'avoir compris la portée pop-culturelle du film.

CLUELESS est en effet, comme tout bon teen movie, un concentré de la culture de son époque. Musique, mode, cinéma, technologie, le film respire les années 90. J'avais 16 ans quand le film est sorti, pendant l'été 1995, soit l'âge exact des personnages du film. Autant dire que les références de Cher, Dionne, Murray, Josh et Tai sont également les miennes. Mais ce n'était évidemment pas celles de la très grande majorité des gens de la salle.

D'ailleurs, en sortant de la salle, Virginie nous racontait à moi, Mélanie et David que ses étudiants, interrogés sur le "grunge", n'avaient aucune idée de quoi il s'agissait. TRISTE. Comme quoi, on se fait des idées sur l'impact culturel d'un mouvement qu'on a (un peu) vécu de l'intérieur mais au fond (une bonne partie de) la jeunesse s'en fout - de la même façon dont je me fichais des punks ou des hippies quand j'avais 20 ans.

Alors, si vous avez moins de 25 ans, pour renforcer le lien entre les générations, papi Michael va vous expliquer, les enfants, dix références pop-culturelles de CLUELESS et vous en apprendre un peu plus sur la première moitié des années 90... (et si vous saviez déjà tout ça, je dis respect...)


"Oh how fabulous. Getting Marky Mark to take time from his busy pants dropping schedule to plant trees."
Membre original du boys band adolescent New Kids On The Block, le petit frère de Donnie, Mark, quitte le groupe avant même d'avoir enregistré un premier album. C'est sous le pseudo Marky Mark qu'il fera carrière dans la musique, avec un énorme tube à la clé, "Good Vibrations" en 1991. Dans la première moitié des années 90, Marky Mark, de son vrai nom Mark Whalberg, est alors un sex symbol qui étale son 6-pack dans les magazines et dans des publicités pour Calvin Klein. Depuis, la carrière musicale n'est plus au top mais on sait à peu près tous ce que le rappeur sex-symbol en caleçon apparent et baggy jeans est devenu...


"I can't find my Cranberries CD. I gotta go to the quad before anyone snags it."
Les années 90, ce sont les années du rock alternatif. C'était à peu près la seule chose qui avait droit de passage aux heures de grandes écoutes sur MTV. Et au milieu de la décennie, il y a un groupe qui était au top du cool chez la jeunesse blanche de classe moyenne à tendance élevée. Ce groupe, c'était les Cranberries, un groupe irlandais juste engagé ce qu'il faut pour pas choquer les mamans et les papas. Grâce à des titres comme "Zombie", "Linger" ou "Ode To My Family", le monde entier rêve alors de partir en Irlande du Nord siffler des bières dans un pub et jeter des cailloux sur les chars anglais. Puis, dans un élan de coolitude, les profs d'anglais s'emparèrent des chansons pour étudier leurs paroles avec leurs chers élèves (histoire vraie) qui se mirent soudainement à revendre en masse leurs CD de "No Need To Argue" aux solderies du Quartier Latin.


"What's with you, kid? You think the death of Sammy Davis left an opening in the Rat Pack?"
Au début des années 90, Los Angeles connaît un revival, d'abord underground, de la scène swing. Des Big Bands des années 30-40 au Rat Pack des années 50-60, tout une jeunesse se passionne à nouveau pour le look et la musique de l'époque, à l'image de Christian, le crush de Cher dans Clueless. Ce mouvement, parfois appelé neo-swing ou neo-lounge, devient même mainstream au milieu de la décennie avec le succès de films comme Swing Kids, The Mask, Swingers et de groupes comme The Brian Setzer Orchestra, Cherry Poppin' Daddies et The Mighty Mighty Bosstones (qui apparaît dans Clueless).


"That's Ren and Stimpy. They're way existential."
Avant que l'absurdité métaphysique de Bob L'éponge explosent le cerveau de nos chères têtes blondes et de stoners en quête de mysticisme animalier et sous-marin, il y avait "Le Ren & Stimpy Show" ou les aventures de Ren, le chihuaha violent, et de Stimpy, le chat stupide. Malgré sa diffusion sur une chaîne pour enfants (Nickelodeon) entre 1991 et 1996, grâce à son humour très noir et vulgaire, le dessin animé est un énorme succès chez les adolescents et trentenaires qui écoutent Alice In Chains, Nirvana et Soundgarden. C'est d'ailleurs le succès de la série auprès de cette cible adolescente qui permettra à Beavis & Butt-head puis à South Park de voir le jour quelques années plus tard.


"It's just like Hamlet said, "To thine own self be true."
- Hamlet didn't say that.
I think I remember Hamlet accurately.
- Well, I remember Mel Gibson accurately, and he didn't say that. That Polonius guy did."

S'il a un peu disparu du radar d'Hollywood dans les années 2000, William Shakespeare était dans les années 90 une source d'inspiration inépuisable. HAMLET de Zeffirelli en 1990 avec Mel Gibson, OTELLO en 1995 avec Laurence Fishburne, Henry V, BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN de Kenneth Branagh, SONGES D'UNE NUIT D'ETE en 1999 avec Kevin Kline et Calista Flockhart et bien sûr toutes les adaptations modernisées, de ROMEO+JULIETTE avec Leo DiCaprio, 10 THINGS I HATE ABOUT YOU, MY OWN PRIVATE IDAHO, les ados américains des 90's bouffent du Shakespeare à toutes les sauces, au ciné comme en classe. Shakespeare était un peu le Tina Fey des années 90, celui que l'on cite auprès de ses copains pour avoir l'air cool !


"Cher's saving herself for Luke Perry."
Avant Chuck Bass et Nate Archibald, il y a avait Dylan McKay, l'ado rebelle (et riche) qui conduisait une Porsche vintage dans les rues de Beverly Hills, vivait à l'hôtel et faisait mouiller la culotte des filles de moins de 18 ans. Dylan McKay, c'était Luke Perry, le James Dean des années 90, l'ado (de 25 ans quand il débute la série!) torturé mais passionné, le petit ami qui vous dépucèle dans une chambre d’hôtel du Chateau Marmont après le bal de promo, le petit ami qui vous trompe avec votre meilleure amie blonde beaucoup moins chiante, le petit ami impossible à présenter à ses parents. Bref le petit ami idéal pour toute adolescente avec les hormones en feu...


"Searching for a boy in high school is as useless as searching for meaning in a Pauly Shore movie."
Vous vous dites souvent que le stand up à l'américaine, ce sont les gens que vous voyez dans le Saturday Night Live chaque semaine, que c'est un truc fin, intelligent et drôle. FAUX. Le stand up à l'américaine, c'est aussi des gens comme Pauly Shore, fils de la propriétaire du Comedy Store à Los Angeles. Vous avez dit piston ? Reste que Pauly, dans la première partie des années 90, a connu un énorme succès grâce à son émission "Totally Pauly" et avec une poignée de films comme CALIFORNIA MAN ou L'APPRENTI FERMIER, sommets de nullité et d'humour pas drôle et bas de plafond. Voyez Dan Cook aujourd'hui, à titre de comparaison.


"Okay, okay, so he [Josh] is kind of a Baldwin."
Avant qu'un ne devienne gros et drôle (Alec), qu'un autre ne devienne chrétien fondamentaliste (Stephen) ou qu'un autre s'abonne aux rôles un peu bizarre, genre politicien amoureux d'un transsexuel (William), il a existé une époque durant laquelle les frères Baldwin étaient considérés comme des sex-symbol. Et oui, cette époque a bel et bien existé. J'ai passé mon adolescence à une époque où Alec était un alpha-mâle batifolant à la vie comme à l'écran avec un autre sex-symbol Kim Basinger, où Stephen était modèle pour Calvin Klein et oùWilliam était abonné à des rôles de bruns ténébreux tombeur à l'écran de Sharon Stone ou Cindy Crawford.


"So okay, I don't want to be a traitor to my generation and all but I don't get how guys dress today. I mean, come on, it looks like they just fell out of bed and put on some baggy pants and take their greasy hair - ew - and cover it up with a backwards cap and like, we're expected to swoon? I don't think so."
L'ado des années 90 voulait être "alternatif" - influencé par le Hip Hop et le grunge. Prendre soin de son look n'était alors pas dans l'ère du temps. Comme le dit Mark Simpson dans sa définition de l'homme métrosexuel, on ne le trouve alors que dans les pubs Levi's, les pubs de GQ et les bars gays. Ce n'est donc qu'en 2002 avec David Beckham devenant un des héros de la jeunesse mondiale que les jeans baggys, les casquettes à l'envers et les cheveux gras sont remises au placard, au profit des jeans slims, des chemises cintrées et des cheveux à mèches.


"So, this flannel thing. Is that a nod to the crispy Seattle weather, or are you just trying to stay warm in front of the refrigerator?"
Alors comme ça, d'après l'expérience de Virginie, les jeunes d'aujourd'hui n'ont aucune idée de ce qu'est le grunge. C'est triste. Les chemises en flanelles, les jeans déchirés, les cheveux longs et gras, Seattle, le rock alternatif, le Generation X de Douglas Coupland... Ca nous fait paraître vieux, nous autres jeunes trentenaires ayant passé le cap de l'adolescence à cette époque. Car le grunge, pour chaque ado de la première moitié des années 90, est une empreinte pop culturelle qu'il porte encore, d'une manière ou d'une autre, sur le front. A ce point. Mais un mouvement de cinq ans enterré avec le suicide de Kurt Cobain le 5 avril 1994 peut-il survivre autrement que de façon marginale ?



4 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas les Thursday Night Live, marrant ça !
    Ren et Simpy, c'était diffusé en France ? Ca me dit rien. Aaaaah, les pecs poilus d'Alec Baldwin ! lol

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  2. Moi, Ren & Stimpy, j'ai connu la première année où je suis allé aux Etats-Unis en 1994. Les ados de la famille dans laquelle je vivais, qui se passaient en boucle Alice In Chains et Sonic Youth, en étaient dingues. Ils faisaient que se balancer des répliques de la série etc. Mais je crois que c'est passé sur Game One ou une chaîne du même genre.

    Le Thursday Night Live, c'est très cool. Avec Clueless, c'était la première fois que j'y allais mais ça faisait longtemps que j'étais tenté. Le problème, c'est juste que Le Studio des Ursulines est complètement paumé au milieu de nulle part et c'est très chiant d'y aller et d'en partir :)

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  3. Bon bah je dois pas avoir vu Ren & Stimpy alors.
    Le Studio des Ursulines, c'est un des cinés de Paris que je n'ai jamais fréquenté. C'est clair qu'il faut être motivé pour y aller. Mais bon si c'est pour voir des films du genre, ça vaut le coup je pense ^_^

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  4. Je crois me souvenir que Ren and Stimpy était passé sur Canal+, genre quand j'avais dix - douze ans. Donc vers 1996-1998. A vérifier quand même.

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