22 novembre 2012

Pour la réhabilitation d'Irene Cara



Quand j'étais en sixième, en cours de musique, on a passé l'année à apprendre et maîtriser la chanson What A Feeling d'Irene Cara à la flûte à bec. La prof de musique nous passait donc en boucle la chanson du film Flashdance. A l'époque, je la connaissais un peu. Je l'avais déjà entendu à la radio. Mais c'est vraiment cette année-là, en 1990, que j'ai vraiment fait connaissance avec la chanson. Pour le film, ça viendra plus tard : il n'est jamais beaucoup passé à la télé "à des heures raisonnables" compte tenu de son puissant pouvoir de suggestion érotique (la scène du restaurant, je veux dire, voilà quoi...).  J'adorais cette chanson. Au point de l'avoir entendu une bonne centaine de fois en cours de musique et ne jamais m'en être lassé. Au point de l'écouter toujours, 22 ans plus tard, avec toujours autant de plaisir.

Donc, pour moi, pendant très longtemps, Irene Cara, c'était cette chanson. Uniquement cette chanson. Et ça doit être le cas pour une très grande majorité. Alors, bien sûr, il y avait Fame aussi. Irene Cara y joue le rôle de Coco Hernandez, la danseuse au coeur tendre, et interprète la chanson-titre. Mais Irene Cara reste cette chanteuse de musiques de films qui n'a fait que deux tubes au début des années 80. C'est largement suffisant à se faire appeler un One-Hit Wonder et d'être associé à tous ces groupes/chanteurs/chanteuses d'un tube éphémère. Reprenez le Top 50 français, le Billboard américain ou le Top 40 anglais. Il faudrait des semaines, voire des mois, pour tous les comptabiliser.

Mais je suis retombé récemment sur le deuxième album d'Irene Cara (après un premier au succès moyen en 1982). Il est sorti en 1983 et porte le même nom que sa chanson emblématique : What A Feeling. Je le réécoute intensément depuis quelques jours. Chez moi. Dans le métro. Partout. Et j'ai redécouvert Irene Cara. J'ai redécouvert comment un One-Hit Wonder se fabrique malgré lui.

On associe toujours les One-Hit Wonder à des coups marketing. Et on a raison. La plupart du temps, ces tubes éphémères sont faits pour être éphémères. C'est leur raison d'être. Un producteur signe une chanteuse lambda, lui fait chanter des paroles abscons sur un rythme binaire et l'affaire est emballée. Le tout part en radio. C'est matraqué. Les ventes explosent. Puis tout le monde s'en lasse. La chanteuse retourne faire des frites au McDo. Le producteur en débauche une autre dans un club de strip-tease. C'est le cycle de la vie, comme on dirait dans Le Roi Lion.

Mais parfois, il y a des gens comme Irene Cara. Des talents incroyables. Elle est en effet diplômée de la Professional Children's School à Manhattan, un lycée pour l'enseignement de l'art et de la musique conçu sur le même modèle que LaGuardia High School qui inspira le film Fame. Elle sait danser. Elle sait chanter. Elle sait jouer la comédie. C'est le modèle américain. Broadway tout ça. Qu'on me cite des stars actuelles avec ce pédigrée ! Ils se comptent sur les doigts d'une main. Alors, on la voit à la télé dans la série cultissime sur l'esclavage Roots. On la voit sur les planches à Broadway. Puis au cinéma avec Fame. Elle devient une star. Une vraie.

Puis arrive Flashdance. La chanson-titre du film chantée par Irene Cara se classe n°1 du billboard américain, remporte un Oscar et un Golden Globe. C'est la troisième chanson la plus vendue de 1983 aux Etats-Unis. En France, la chanson est disque de platine et se vend à 1,4 millions d'exemplaires. Ouais Ouais. Des scores qui n'existaient que dans les années 80. Mais c'était bien là le problème : le succès est trop massif. Et l'album de Cara, qui sort plusieurs mois après la B.O du film, en est le dommage collatéral.

Le titre phare de l'album, tout le monde l'a déjà acheté en single ou l'a sur la B.O de Flashdance. Pourtant, c'est pas les singles qui manquent. D'ailleurs, tout l'album est rempli de singles : il est produit par Giorgio Moroder, le pape de l'euro-disco et ce mec, dans les années 80, c'était une machine à tubes, le David Guetta choucrouté, moustachu et italien. Après What A Feeling, il y a donc eu Why Me, Breakdance, You were made for me et surtout ma préférée The Dream (Hold On To Your Dream). 

Pourtant, après ce deuxième album, s'en était fini de la carrière d'Irene Cara dans la stratosphère pop. Et je trouve ça d'une tristesse...

Elle a bien eu quelques rôles au cinéma, sorti un troisième album en 1987. Mais ça reste une sortie par la petite porte. Et voilà comment se fabrique les One-Hit Wonders. Par un coup de malchance. Par un succès trop fort, trop immédiat. Par une stratégie marketing pas tout à fait au point.

Il nous reste alors ce clip génial et quirky de ma chanson préférée de cet album mésestimé : The Dream (Hold On To Your Dream). J'adore tellement ce passage à 0'50'' quand elle danse un peu bizarrement entre les taxis anglais ou cette courte scène à 1'52. C'est avec ce genre de chanteuses que j'ai commencé à aimer la pop music.

Voilà, c'était ma tentative de réhabilitation d'une chanteuse un peu oubliée et qui ne doit pas le rester.







6 commentaires:

  1. Wow, le refrain de "The Dream" est épique ! Est-ce que je suis le seul à trouver qu'il y a une petite ressemblance physique (de visage hein) avec Chimène Badi ? No offense, Irene serait la version belle, disons.

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  2. J'avais pas le rapprochement physique mais effectivement il y a une ressemblance avec Chimène Badi.

    Sur The Dream, il y a de grosses ressemblances mélodiques avec Neverending Story de Limahl, sorti l'année d'après. Ca me fait très plaisir que t'aimes aussi The Dream. J'ai redécouvert cette chanson et j'en suis complètement dingue en ce moment. Et je trouve le clip génial !

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  3. Ce qui est dommage avec ce truc des one hit wonders, c'est que là pour le coup, on a laissé de côté quelqu'un qui non seulement aurait pu encore produire pas mal de tubes, mais qui avait en plus un certain charme et une personnalité intéressante.

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  4. Irene Cara tente de refaire surface.Elle a sorti un album en 2011 "Irene Cara presents hot caramel" et a son propre site web www.irenecara.com

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  5. Pour moi, elle est et elle restera l'inoubliable Coco du film "Fame" d'Alan Parker!!!

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