21 juin 2011

La théorie de l'évolution cinéphile


J'ai déjà parlé sur Slate.fr de mes petites manies cinéphiles et en particulier celle du générique de fin. Des manies qui n'ont pas toujours été là, sournoises et perverses, prêtes à vous gâcher votre vie sociale. Car, il faut bien l'avouer, je vieillis. Je change. A 12 ans, quel intérêt j'aurais trouvé à rester pendant le générique de fin. Bon, à part les crédits musique (Shazam et iMDB n'existaient pas encore... Ouais, je suis si vieux que ça !)

Je vieillis. Mes manies se développent. Mes goûts aussi. Et c'est la même chose pour tout le monde. Voyez Jonathan qui écrivait en 2009 sur son blog "Habituellement j’aime autant les films de Woody Allen qu’un bon coup de pied dans les couilles". Et bien, en 2011, il tweete "Minuit à Paris c'était pas mal non plus finalement. Inconséquent certes mais amusant et mignon."
Outre son language bien plus châtier, vous voyez que ce fan hardcore de The Rock, Jason Statham et BAD BOYS 2 a changé. Lui aussi il vieillit. Comme tout le monde.

Il évolue. Et donc, voici les 5 phases par lequel Jonathan, moi et à peu près tous les autres sommes sûrement passés et passerons. C'est la théorie de l'évolution cinéphile. Au départ, vous aurez du mal à accepter votre sort. Mais vous verrez : dans quelques années, vous comprendrez. Vous relirez ce billet et vous comprendrez.

1. L'animationa Famillius
Le stade le plus élémentaire de l'évolution. Doté d'une intelligence très limitée et facilement influençable, l'animationa Famillius ne comprend que les histoires de bien et de mal, de méchants contre gentils. Ses seuls stimuli sont les couleurs vives et les mouvements vifs. Par conséquent, il est fortement enclin à regarder un film encore et encore, jour après jour, en particulier s'il comporte des animaux qui parlent, des princes et des princesses, des cowboys et des indiens ou des guerriers intergalactiques.
Films préférés : LE ROI LION, STAR WARS: LA MENACE FANTOME, ALVIN & LES CHIPMUNCKS

2. L'Actionus Comedica Blockbusterus
Le second stade de l'évolution ouvre la voie des thèmes plus adultes. Le cerveau s'est développé. Chez le mâle, cela se traduit par un goût très prononcé pour l'action, les bagarres, les explosions et la comédie. Il ne comprend toutefois que les blagues les plus grasses, notamment celles impliquant le sexe (qu'il ne pratique pas), le caca, le pipi et le vomi. La femelle, au contraire, développe un goût certain pour la romance sous toutes ces formes. Les deux ont un appétit sexuel inassouvi extrême qui les poussent à vouer un culte souvent démesuré à, respectivement, une actrice à gros seins ou un acteur imberbe.
Films préférés : FAST & FURIOUS, TWILIGHT, SPIDER-MAN

3. L'independantum Sundancius
Lassé des explosions et de l'eau de rose, l'independantum Sundancius a soif de connaissances (en grande partie pour impressionner le sexe opposé) et se dirige naturellement vers le stade suivant de l'évolution : le cinéma d'auteur indépendant. Il ou elle se nourrit d'histoires d'amour qui finissent mal, de familles dysfonctionnelles et d'adolescents rebelles. Ce n'est alors qu'après avoir regardé beaucoup de gens se droguer à l'héroïne qu'il pourra passer au stade suivant de l'évolution.
Films préférés : REQUIEM FOR A DREAM, PULP FICTION, TRAINSPOTTING

3.5. Le Snobinaucus Hipstera
Il peut arriver que l'évolution ait ses ratés et engendre des anomalies. Non qu'elles soient primordiales pour comprendre les tenants de cette théorie, il est quand même important de les mentionner. C'est ainsi qu'entre l'Independantum Sundancius et l'Oscarus Recompensia se développe parfois le phénomène du Snobinaucus Hipstera. Après avoir ingurgité beaucoup de films sur les problèmes du monde et en particulier de sa jeunesse, celui-ci ressent alors le besoin de développer un sens aigu du cinéma qui le conduit, non vers le calme et la sobriété d'auteurs majeurs mais plutôt vers la marge, les cinémas extrêmes, du nanar au film étranger underground. Il est persuadé d'avoir un sens très développé de "l'ironie".
Films préférés : TRANSMORPHERS, l'intégralité de l'oeuvre de Takashi Miike et de Werner Herzog

4. L'Oscarus Recompensia
Vient un stade de l'évolution où l'independantum Sundancius ne supporte plus les caméras qui bougent et les montages à la hache sur fond de musique techno. Ça lui monte à la tête. Il évolue alors en Oscarus Recompensia. Il continue d'apprécier les films aux puissants thèmes adultes - lui évitant de régresser - mais filmés avec le calme et la sérénité auxquelles il aspire désormais. Il a alors plus de temps pour savourer le travail du chef opérateur, du décorateur et du scénariste et, par la même occasion, découvrir les films plus anciens, les "classiques" et tout un tas de films "étrangers" (coréens, iraniens etc.)
Films préférés : LE DISCOURS D'UN ROI, LE PATIENT ANGLAIS, SUR LA ROUTE DE MADISON

4.5. Le Regressum Navarris-Lescauta
Avant d'atteindre le cinquième et dernier stade de l'évolution, il existe une étape dangereuse, une zone d'ombre qui aspire beaucoup et n'en relâche quasiment aucun. Ce stade intermédiaire conduit en effet beaucoup à la régression. Mais ceux-là ne reviennent pas au stade premier de l'évolution. Non. Ils régressent à un stade encore inférieur. Celui du néant... celui des téléfilms français. Toutes idées de scénario, de jeu d'acteur et de mise en scène, de thématiques adultes ont alors été abandonnée au seul prétexte de la fatigue.
Films préférés : Ceux d'avant.

5. Le Cinephilium Sapien
Le stade ultime de l'évolution, celui qui permet d'apprécier tous les films à leur juste valeur, sans à priori, sans jugements hâtifs. Après avoir tout vu, tout entendu, tout jugé, tout critiqué, le Cinéphilium Sapien a atteint un niveau de sagesse qui lui permet d'apprécier autant le blockbuster avec des explosions et des blagues de cul que le drame suédois en noir et blanc sur la condition humaine. Son amour du cinéma, qui ne s'exprime que dans la nuance, est pur.
Films préfrés : L'intégralité de l'oeuvre de Ingmar Bergman - qui lui échappait totalement jusque là.

P.S : Ce texte est inspiré de "The Six Stages of Movie Geek Evolution" publié par The Droid You're Looking For.


9 commentaires:

  1. Le 5 est le seul cinéphile, les autres sont juste ceux qui aiment bien le cinéma, il n'y a pas d'évolution on est cinéphile ou pas! Et on est pas cinéphile si on n'a pas tout vu!

    RépondreSupprimer
  2. cinéphile : Amateur de cinéma - Larousse ^^

    RépondreSupprimer
  3. L'independantum Sundancius définitivement, une touche prononcée d'Oscarus Recompensia et un peu de L'Actionus Comedica Blockbusterus de temps en temps, ça ne fait pas de mal. :-)

    RépondreSupprimer
  4. J'ai bien peur d'être un Cinephilium Sapien, bien que je ne me sois pas encore fait l'intégrale de Bergman. Je crois ^_^

    RépondreSupprimer
  5. @David : Mais je suis sûr que tu en as très très envie :)

    RépondreSupprimer
  6. IL y a la question de la fréquence qui me semble se poser aussi : à une époque j'allais au ciné tous les 2 jours (sans carte ugc ou abonnement), et maintenant, j'y vais très peu,en général pour voir des vieux films.
    Par contre la dernière fois que j'ai laissé un commentaire ici, c'est pour dire que j'avais bien aimé Elizabethtown, et là je vais être obligée d'avouer ma fascination pour Bergman (j'ai regardé en streaming la vente aux enchères de ses biens il y a deux ans et j'avais envisagé de claquer ma prime de précarité dans une poubelle ou une tasse à café).
    Tout ça pour dire que je ne sais pas bien où je me trouve dans cette classification.

    RépondreSupprimer
  7. Quand j'avais 20 ans j'allais 5 fois par semaine au cinéma, et maintenant que je vais en avoir 30... et bah ça a pas changé ^_^

    RépondreSupprimer
  8. Je préfère ne pas voir de film que d'en voir un mauvais.

    RépondreSupprimer
  9. Et moi j'adore explorer et aller voir des films de tous horizons, quitte à tomber sur des mauvais de temps en temps, mais découvrir des perles inattendues surtout ;)

    RépondreSupprimer